Loïcia Demougeot et Théo Le Mercier
La Challenge Cup de Tilburg a réuni, comme les années précédentes, de beaux noms du patinage mondial, en guise d'ultime entraînement avant les championnats du Monde.
La compétition danse est remportée par les Français Loïcia Demougeot et Théo Le Mercier, qui continuent sur une très belle lancée après leur cinquième place des championnats d'Europe. A Tilburg, ils réalisent deux belles performances et battent leur record sur la danse rythmique. Ils devancent Olivia Smart & Tim Dieck et Alicia Fabbri & Paul Ayer.
Kaori Sakamoto
Après une surprenante deuxième place au programme court, en raison d'un triple Lutz transformé en double, la double championne du monde Kaori Sakamoto rétablit l'ordre "normal" des choses et gagne la Challenge Cup à l'issue d'un bon programme libre (144,67). Kaori présente son contenu technique habituel, pour une ultime répétition avant de viser un troisième sacre consécutif à Montréal dans moins d'un mois. La Japonaise chute toutefois sur le triple boucle de fin de programme.
"Cette compétition est idéalement positionnée dans le calendrier. C'est la meilleure période pour se tester une dernière fois avant le Championnat du Monde. Par ailleurs, les Jeux Olympiques ont lieu en février, donc il faut que je prenne l'habitude d'être prête à cette période de l'année. Mon objectif est de gagner un troisième titre mondial. Je pense que j'ai mes chances mais je ne me considère pas favorite. J'espère avoir moins de pression que l'année dernière et en profiter un peu plus."
Sa compatriote Yuna Aoki gagne la médaille d'argent et a marqué les esprits par ses qualités techniques. La difficile combinaison triple Lutz triple boucle, réussie dans le programme court comme dans le programme libre, est un atout majeur. A l'exception d'un triple Salchow transformé en double dans le programme libre, l'ensemble du contenu présenté est réussi.
La Française Lorine Schild repart des Pays-Bas avec une jolie médaille de bronze autour du cou. Elle réalise deux performances solides, à l'image de sa saison. Le contenu technique est quasi sans faute, à l'exception d'un retournement sur le triple Salchow du programme libre, avant-dernier saut du programme, prévu en combinaison. Lorine replace toutefois a combinaison après le double Axel final.
"Disons que c'était une compétition d'entretien. Je ne sais pas encore si je participerai aux championnats du monde. Il fallait dans tous les cas que je reste en forme, et patiner à la Challenge Cup me donnait un objectif. J'étais légèrement déçue des scores, j'ai eu quelques points de moins qu'au championnat d'Europe, mais mes performances n'étaient pas parfaites. Cela reste deux bons programmes."
Ekaterina Kurakova retrouvait la glace après de très difficiles championnats d'Europe où elle ne s'était pas qualifiée pour le programme libre, à la surprise générale. La Challenge Cup se déroule mieux avec 56,19 points au programme court et 111,44 points au programme libre. Cependant, les prises d'élan sont longues et les sauts laborieux. L'impression générale est très en-deçà de ce que la Polonaise avait pu nous montrer les saisons précédentes. Elle est quatrième.
Le duel estonien tourne à l'avantage de Niina Petrokina (cinquième) qui devance Eva-Lotta Kiibus (sixième). La fédération estonienne dispose de deux places pour les championnats du Monde mais seule Niina a obtenu les scores minimum. Les deux patineuses, blessées récemment, sont loin de leur meilleur niveau technique : Niina n'inclut que des Axel simples dans ses programmes, tandis qu'Eva-Lotta est en difficulté sur le Lutz qu'elle n'arrive à déclencher dans aucun des deux programmes. C'est dommage car ces deux patineuses ont du potentiel et de belles qualités artistiques.
Je ne me lasse pas de regarder Anna Pezzetta sauter à l'entraînement. La puissance, la vitesse et l'amplitude de ses sauts sont remarquables. L'Italienne peine cependant à montrer l'ensemble de ses qualités en situation de compétition. A Tilburg, le triple Lutz d'entrée de programme est lourdement chuté. S'en suivent une série de double sauts, certes bien réalisés mais évidemment insuffisants à ce niveau. Le deuxième triple Lutz est réceptionné avec les deux mains. Elle est huitième.
A noter l'absence de Nina Pinzarrone, inscrite initialement à la compétition, mais souffrante (grippe).
Lorine Schild
En l'absence des champions du monde Riku Miura et Ryuichi Kihara, qui ont préféré éviter un long voyage supplémentaire et se concentrer sur leur préparation aux championnats du monde, le duel chez les couples a eu lieu entre deux couples italiens : les champions d'Europe 2024 Lucrezia Beccari et Matteo Guarise et les champions d'Europe 2023 Sara Conti et Niccolo Macii. Des erreurs sont commises des deux côtés, mais ce sont Sara et Niccolo qui l'emportent. A noter qu'ils ont décidé de reprendre leur programme court de l'année passée : "Sara ne se sentait pas complètement bien sur l'ancien programme, et nous avions des retours mitigés des juges. Nous étions agacés de l'erreur sur le triple Twist dans le programme court. C'est un élément que nous travaillons comme des acharnés à l'entraînement et dès que nous arrivons en compétition, il se dérègle".
La sélection de Lucrezia et Matteo pour les championnats du monde nous a été confirmée par les deux principaux intéressés tandis que Sara et Niccolo devront attendre une confirmation qui devrait arriver très prochainement. Il est par conséquent probable que Rebecca Ghilardi et Filippo Ambrosini restent à la maison pour cette fois.
Lucrezia et Matteo : "Nos performances n'étaient pas parfaites, mais nous ne patinions pas dans les meilleures conditions. Lucrezia a dû changer de bottine il y a deux jours et j'ai (Matteo) un torticolis. Dans le programme court, nous avons changé la séquence de pas et obtenu un niveau quatre mais cela a causé un retard sur la musique et nous avons reçu un point de déduction pour dépassement de temps. Ce n'est pas grave, nous sommes ici pour essayer de nouvelles choses avant les Mondiaux. La combinaison triple boucle piqué suivie de deux doubles Axel était également une nouveauté que nous voulions tester. Pour les championnats du monde, nous souhaitons dépasser les 200 points. Notre meilleur score est de 199,19 !". Quand on leur demande s'ils visent une médaille, Matteo répond avec humour : "Si personne n'en veut, pas de souci, je la prendrai !".
Camille et Pavel Kovalev font leur retour à la compétition après leur mésaventure aux championnats d'Europe, où ils avaient été contraints de déclarer forfait à l'issue du programme court, Camille étant malade et trop diminuée physiquement pour pouvoir patiner. A Tilburg, ils prennent la troisième place après un programme court en demi-teinte (beau triple flip lancé, mais double Salchow parallèle) et un très bon programme libre quasi sans-faute !
"Cette compétition était difficile et stressante. C'était notre reprise après les championnats d'Europe. L'expérience à Kaunas a été horrible, autant physiquement que mentalement. Nous nous sentions prêts et ne pas pouvoir patiner a été très difficile. J'ai (Camille) tenu le programme court grâce à l'adrénaline mais j'étais incapable de patiner un programme libre. Au retour en France, j'ai mis une semaine à retrouver de l'appétit et de l'énergie."
Les Japonais Yuna Nagaoka et Sumitada Moriguchi venaient aux Pays-Bas avec l'objectif d'obtenir les points minimum requis pour les championnats du monde de Montréal. C'est malheureusement manqué. Ce couple récent, formé de deux très bons patineurs, excelle dans les éléments individuels (très beau triple boucle parallèle) mais ne maîtrise pas encore assez bien les éléments de couple. Ils se classent sixièmes.
Camille & Pavel Kovalev
Mikhail Shaidorov remporte la compétition masculine devant le duo japonais Tatsuya Tsuboi et Kazuki Tomono. Il impressionne techniquement en incluant quatre quadruples dans son programme libre (Lutz, flip et deux boucles piqués). Le score de composantes est inférieur à celui de ses concurrents directs (72,43 contre 75,09 pour Tsuboi et 80,75 pour Tomono) mais son total de 170,59 points sur le programme libre lui permet de gagner sa première médaille d'or en compétition senior ISU.
Le Japonais Tatsuya Tsuboi prend la deuxième place, sur "High Strung" de Nathan Lanier, musique sur laquelle il patinait déjà l'année précédente. Il réussit deux quadruples Salchow, largement récompensés par les juges (GOE +3/4) et deux triples Axel. Sa feuille de scores est digne des meilleures performances mondiales : 93,92 en technique et pas un seul GOE en dessous de 1 !
Il devance son compatriote Kazuki Tomono, sur le solo de piano "Halston" de Stephan Moccio. La musique est très douce, et le fait que les organisateurs de la compétition aient réglé le son trop bas n'aide pas les spectateurs à se plonger dans le programme. Le contenu technique est de bon niveau : après un quadruple boucle piqué transformé en triple, Kazuki retente cette difficulté technique et la réussit. Il inclut également un quadruple Salchow (légèrement juste en rotation) et deux triples Axel en deuxième partie.
Sur le sympathique "I Want It That Way" de Backstreet Boys qui a fait danser toute une génération, Nikita Starostin réalise un programme en demi-teinte. Il sauve deux triples Axel mal engagés (l'un des deux est toutefois retourné) et prend la quatrième place.
Mikhail Shaidorov et Nikita Starostin feront leurs valises dans quelques semaines pour les championnats du monde, tandis que Tatsuya Tsuboi et Kazuki Tomono, membres d'une équipe japonaise très dense, resteront à la maison.
Les médaillés : Mikhail Shaidorov entouré de Tatsuya Tsuboi et Kazuki Tomono
Solène Mathieu - Skate Info Glace
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