Interview Romane Télémaque et Lucas Coulon : "Nous espérons être au top pour les Mondiaux juniors"

© Alice Alvarez
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Romane Télémaque et Lucas Coulon ont conquis le public grenoblois lors de la finale du Grand Prix junior. Leurs progrès rapides et leur complicité laissent espérer de belles choses pour la suite de leur carrière. Rencontre après leurs programmes.
 
Comment s’est passé votre programme court ?
Romane : Nous sommes très contents. Nous avons pris du plaisir, malgré les quelques petites erreurs. Réussir à battre notre record personnel est une vraie satisfaction et nous sommes très heureux de patiner en France.
Lucas : C'est très motivant de patiner devant un public nombreux. Ces derniers temps, les entraînements ont été compliqués, donc réussir une performance comme celle-là, même avec quelques erreurs, est encourageant pour la suite. 
 
Quelles étaient ces erreurs ?  
Romane : Dans la série de pas, nous nous sommes lâchés la main sur la partie accrochée, et il y a eu un souci sur la spirale.
Lucas : La pirouette également pour ma part. Après, il peut y avoir des améliorations sur tous les éléments, nous pouvons toujours mieux faire. Nous savons que nous en sommes capables. En ce moment, nous travaillons surtout à améliorer la qualité du patinage. Nous avons senti une progression, nous allons continuer pour bien lier l’aspect technique et les composantes. Nous espérons être au top pour les Mondiaux juniors.
 
Vous mentionnez des entraînements compliqués, pouvez-vous nous en dire plus ?
Lucas : C'était mentalement éprouvant. En plus, je me suis fait un arrachement osseux quatre semaines avant de partir, ce qui a ajouté du stress. La saison a été préparée pour être prêts pour les Mondiaux et nous ne nous attendions pas à être qualifiés pour la finale. Nous ne sommes donc pas au mieux de notre forme, mais c’est comme cela que nous apprenons et gagnons en expérience. Nous avons abordé cette compétition avant tout pour prendre du plaisir, acquérir de l'expérience et préparer les saisons à venir. Nous espérons nous qualifier à nouveau l’année prochaine. 
 
Quelles ont été vos émotions après le programme libre ?
Lucas : Beaucoup de joie ! Nous avons explosé notre record personnel de cinq points. Le public nous a encouragés du début à la fin. Nous ne sommes pas déçus de cette finale (rires). Nous étions tellement heureux qu'elle se déroule en France. C’était une expérience dingue que nous n’oublierons jamais.
 
Quels ont été les derniers mots de vos entraîneurs avant de patiner votre programme libre ?
Romane et Lucas rient.
Romane : C'est une citation issue de “Les bronzés font du ski” : “Oublie que tu n'as aucune chance, vas-y, fonce, on sait jamais, sur un malentendu, ça peut marcher”.
Lucas : Cette phrase nous accompagnait déjà l'année dernière. Cela a fonctionné, donc nous la gardons !
 
Romane, vous démarrez votre programme libre devant les juges. Ce n'est pas trop intimidant ?
Romane : Je m'attendais à ce que ce soit plus intimidant mais ça va ! J’avoue que je ne regarde pas les juges dans les yeux.

 

© Alice Alvarez
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Etait-ce la première fois que vous incluiez le triple flip lancé ?

Lucas : Oui, effectivement. Nous commençons à préparer la saison prochaine. A l’entraînement, lorsque nous avons commencé à le travailler, Romane l’a réussi dès le premier jour ! Lors des entraînements, nous avons parfois de beaux moments d'émotion.

 

Vous maîtrisez donc les trois sauts lancés principaux.

Lucas : Oui ! C'est un peu compliqué de travailler les trois, les journées sont chargées, mais nous savons que les trois sont possibles.

 

Vous avez inclus le double Axel parallèle récemment dans vos programmes. Pour un élément relativement nouveau, vous sembliez très à l’aise dessus ! Vous ne le réussissez pas depuis longtemps, il me semble, Romane.

Romane : Je sais le faire depuis mi-juillet. Je me sens bien dessus, mais nous voulions assurer le contenu technique pendant les Grands Prix. Nous l’avons mis pour la première fois aux Masters pour voir ce que cela donnait, et nous l’avons refait au Tayside Trophy.  

Lucas : Quand Romane sait faire un élément, elle le réussit tout le temps. C’est impressionnant. 

 

Où en êtes-vous sur les triples sauts parallèles ?

Romane : Cela dépend des jours. J’arrive parfois à faire de bons triples Salchow. J’ai plus de difficultés avec le boucle piqué.

Lucas : Quand on s'y met, cela se passe bien, mais nous avons beaucoup de choses à travailler, donc ce n'est pas évident de tout faire. Nous ajouterons peut-être le triple Salchow dans nos programmes l’année prochaine. Nous allons nous concentrer sur notre saison, puis nous nous remettrons dessus.

 

Vous avez mentionné que vous ne pensiez pas vous qualifier en finale ?

Romane : Non, je ne m'y attendais pas du tout et ce n'était pas dans mes objectifs. J'espérais gagner une médaille en Grand Prix, mais j’avais vu que la concurrence était forte, ce qui avait un peu calmé mes ambitions. Lucas pensait plus à la finale que moi. L’année dernière, je ne pensais pas du tout aux championnats du monde. D’ailleurs, quand j’ai su que nous avions été sélectionnés, je n'avais pas envie d'y aller. J’avais peur d’être ridicule, mais finalement tout s’était très bien passé. 

Lucas : Nous espérions un podium en Grand Prix et personnellement, j'avais envie de participer à la finale, surtout qu'elle se tenait en France. Cela me tenait à cœur. Je ne pensais pas que nous y arriverions, car il fallait être parmi les six meilleurs, ce qui est ambitieux. C'est un rêve qui se réalise ! Cela nous prépare aussi pour l'avenir, car les Jeux Olympiques auront lieu en France, en 2030. Cela nous met un peu dans l'ambiance, et nous espérons y participer.

 

En plus d'être parmi les six meilleurs, c'est la première fois qu’un couple junior français est qualifié en finale du Grand Prix.

Lucas : C’est une fierté ! La médaille gagnée à Ostrava était aussi un bel accomplissement. Nous espérons faire mieux et décrocher notre première médaille d’or en Grand Prix l'année prochaine, pour nous et pour la France. Ce sera notre objectif.

 

Lorsque vous avez gagné cette médaille d’argent, Romane semblait heureuse et émue dans le Kiss and Cry, tandis que vous, Lucas, sembliez déçu. 

Lucas : Je m'en voulais beaucoup à cause d’un porté manqué, même si je savais que nous pouvions encore espérer une médaille. Romane avait fait un superbe travail, le programme était incroyable, mais cette erreur est arrivée et elle nous a coûté beaucoup de points… 

 

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Avez-vous pu regarder la finale des couples seniors ?

Romane : Oui, c’était incroyable ! Tout est parfait. J'ai beaucoup apprécié les performances de Minerva et Nikita.

Lucas : De mon côté, j’admire les Américains Ellie et Danny pour leurs transitions. Nous allons axer notre travail là-dessus avec Louis l'année prochaine, pour nos nouveaux programmes. Je pense aussi aux Japonais Riku et Ryuichi pour leur vitesse de déplacement et leur interprétation. Il y a des trucs à prendre chez tous les couples. Nous voulions absolument les regarder. Ce n’était pas simple, car leur programme libre était un peu tard et nous devions nous reposer pour notre propre programme libre !

 

Quels étaient vos modèles quand vous avez commencé le patinage ?

Lucas : Je pense à Aliona Savchenko et Bruno Massot, ainsi qu’à Wenjing Sui et Cong Han.

 

Quelles sont vos prochaines compétitions ?

Romane : Les championnats de France juniors.

Lucas : Nous hésitions à participer aux championnats de France Elites, mais nous avons besoin de repos. Après les championnats de France juniors, nous aurons une compétition aux Pays-Bas pour préparer les championnats du monde.

 

Vous travaillez avec des danseurs : Louis Thauron, qui vous accompagnait sur cet compétition, mais aussi Natacha Lagouge et Arnaud Caffa cet été. Que vous apporte ce travail avec des danseurs ? 

Lucas : Ce n'est pas forcément du travail dont nous pouvons voir les résultats immédiatement, mais nous voyons que les scores de composantes progressent à chaque compétition. C’est du travail de long terme, et nous voyons déjà que cela porte ses fruits.

Romane : D'ailleurs, Natacha et Arnaud sont revenus il y a quelques semaines. 

Lucas : C'était un peu compliqué parce que c'était la semaine où je me suis fait mal au pied, mais Romane a pu beaucoup travailler avec eux, et nous avons essayé d'adapter les exercices ensemble au sol.

 

Comment travaillez-vous la gestion du stress ?  

Lucas : Nous commençons à avoir de l'expérience, donc nous avons nos petites habitudes. Nous avons aussi commencé, il y a quelques semaines, à travailler avec un préparateur mental. Nous avons eu des difficultés à trouver celui qui nous convenait, mais maintenant cela se passe bien. 

 

À l'échauffement, nous vous avons vu faire un petit “check” quand vous réussissez un élément. Racontez-nous d’où cela vient.  

Romane : C'est une petite routine. Quand nous réussissons bien quelque chose, on se checke.  

Lucas : Nous le faisons aussi avec les entraîneurs, la fédération et le staff médical. Cela nous met en confiance, nous permet d’être bien mentalement et d’aborder la compétition dans de bonnes conditions. 

 

Comment votre complicité vous aide-t-elle ?  

Lucas : C'est important d'avoir ce lien. Nous travaillons plusieurs heures par jour ensemble, donc notre relation est importante. Il est essentiel de bien s’entendre pour qu’il y ait une belle alchimie sur la glace et que le programme soit le plus agréable à regarder pour tout le monde : les juges, le public, et aussi pour nous, pour prendre du plaisir. C'est aussi ce qui nous permet d’être heureux, tous les deux, de ce que nous faisons.  

 

Comment vous définiriez-vous mutuellement ?  

Lucas : Romane est une vraie compétitrice. Quoi qu'il arrive, c'est une battante et elle se donne à fond. 

Romane : Lucas est très positif et très gentil. Je suis vraiment contente de l'avoir à mes côtés.

 

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Solène Mathieu - Skate Info Glace

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