Pouvez-vous nous dire quelques mots sur cette danse libre ?
Célina : Il y a eu deux grosses erreurs qui nous font perdre énormément de points. Je ne sais pas d’où elles viennent, nous ne les faisons pas à l'entraînement. Elles étaient sur des éléments en parallèle, donc à la fin du programme, je n’avais pas mesuré leur ampleur et j’étais satisfaite de la performance. En finale, à notre niveau, à notre âge, on ne peut pas se permettre des erreurs techniques comme celle-là. Du coup, là, c'est un peu dur. Est-ce que nous étions trop focalisés sur la médaille ? Je ne sais pas. Nous allons analyser cela pour ne pas reproduire ces erreurs aux Mondiaux.
Jean-Hans : La première erreur avait déjà commencé le matin à l'entraînement mais n'était pas aussi dangereuse. Je me suis peut-être trop focalisé dessus. Pour la séquence sur un pied, je partais sur une mauvaise sensation. J'ai voulu essayer de corriger ce problème de proximité entre nous deux et c'est là où j'ai posé le pied par peur de tomber.
Qu’allez-vous retenir de positif ?
Jean-Hans : Malgré les erreurs, nous avons réussi à travailler beaucoup de choses à l'entraînement, qui ont réussi à ressortir : la prise de vitesse avant les éléments, et la propreté des autres éléments. Ce travail a servi, nous avons réussi à augmenter notre deuxième note, malgré les grosses erreurs.
Célina : Comme tous les athlètes qui participent à la finale, cela fait un entraînement pour les Mondiaux. On se frotte aux plus grands patineurs, il y a beaucoup de public. Nous ne voulions certainement pas voir cette finale comme un entraînement mais nous allons l’utiliser comme telle pour les Mondiaux.
Quels ont été les mots de Karine après la danse libre ?
Célina : Elle était très frustrée. Nous faisons peu d’erreurs techniques habituellement. Nous travaillons beaucoup sur la deuxième note et sur la prise de vitesse. Nous patinons ensemble depuis longtemps, nous avons une technique très solide. Karine veut qu'on analyse vraiment cette compétition, que nous ne laissions pas cela derrière nous car cela ne peut que nous servir pour la suite. Elle veut comprendre comment on peut réussir nos entraînements à 100% mais faire ces erreurs en compétition.
Comment gérez-vous la pression des compétitions ?
Célina : Je fais beaucoup de préparation mentale pour me mettre dans les meilleures conditions. En arrivant au premier entraînement de la compétition, j'ai tout de suite senti que nous n’étions pas comme à la maison et qu’il y allait y avoir du stress. J'ai appelé ma préparatrice mentale. Je me suis sentie bien grâce à cela, surtout lors de la danse libre. Je vais continuer à travailler dans ce sens pour la grosse échéance que sont les championnats du monde.
L’école de Villard est renommée pour sa créativité. Comment cela se traduit-il dans votre travail avec Karine Arribert ?
Célina : Le travail que nous faisons grâce à Karine et l’ensemble de l’équipe est exceptionnel. Nous sommes beaucoup accompagnés par Mahil également, et il y a des intervenants extérieurs. Nous recevons de nombreux avis externes, et Karine est très ouverte pour collaborer avec d’autres entraîneurs afin de nous faire évoluer. Nous avons une grande confiance en Karine. Bien sûr, il y a eu une période d’adaptation, car nous ne sommes pas arrivés très jeunes chez elle. Elle a beaucoup de créativité et d’originalité, ce qui a nécessité que nous nous adaptions et lui fassions confiance. Maintenant, cette confiance est totale, et nous voyons que ses idées portent leurs fruits. Quand elle nous a proposé YMCA, honnêtement, nous nous sommes regardés en nous demandant : « Tu es sûre ? Ce n’est pas un peu trop connu ? ». C’est une musique de soirée, assez drôle, mais c’est vrai que le public adore, et nous prenons beaucoup de plaisir à patiner sur ce programme.
Jean-Hans : Elle voulait apporter ce côté décalé, pour que nous nous démarquions des autres danseurs.
Célina : Nous avons réussi à nous approprier ce programme en y intégrant nos propres personnalités. Nous sommes arrivés à Villard-de-Lans à l'adolescence, avec une personnalité déjà affirmée. Karine s’adapte à nous, et nous nous adaptons à elle. C’est vrai que nous n’avons pas nécessairement la même direction artistique qu’un autre couple de Villard. Par exemple, nous avons choisi Muse pour la danse libre, une musique très connue. Karine n’a pas l’habitude de travailler avec des morceaux si populaires, car elle aime souvent proposer des choses inédites. Mais elle sait que, pour nous, ce genre de choix fonctionne bien, car nous sommes très à l’aise. Il y a donc un vrai échange entre Karine et nous, un équilibre entre nos personnalités et la sienne en tant que coach. Aujourd’hui, il y a une grande confiance entre nous.
Vous êtes maintenant des habitués de la finale du Grand Prix, mais celle-ci était différente. Vous aviez des ambitions et elle se déroulait en France. Comment l’avez-vous vécue ?
Jean-Hans : La présence de nos amis qui nous encourageaient nous a aidés à gérer le stress. Le public français nous apporte quelque chose de plus par rapport à la finale de Pékin.
Célina : Le club de Villard était présent, ainsi que notre famille, qui n’avait pas pu se déplacer l’année dernière car les compétitions étaient loin, en Chine, au Japon ou en Thaïlande. Ils sont présents, et nous avons hâte de les retrouver.
Rendez-vous aux championnats du monde pour la revanche ?
Célina : C'est sûr. Nous allons redoubler, tripler, quadrupler notre travail. Cela nous motive encore plus. Là, ça va être dur pendant quelque temps. Nous allons retrouver notre famille pendant les vacances de Noël, digérer les évènements. Mentalement, je pense que ça va être dur d'accepter cette compétition. Nous devons passer par là et nous aurons notre revanche aux championnats du monde. Le travail finit toujours par payer. Nous avons beaucoup travaillé avant la finale, et nous allons recommencer.
Quelques mots avec Karine Arribert, leur entraîneur :
“On a bossé. Ils étaient prêts. Ils étaient bons. Tout passait. Jeudi, ils manquent un porté qui leur coûte la deuxième place de la danse rythmique. C’est Célina qui n’était pas dedans. Sur la danse libre, c’est Jean-Hans qui n’était pas là. Je pense qu'il se déstabilise après le twizzle. Il manque la One Foot, et pose son pied, donc elle a un niveau base. Je suis frustrée car ils ont manqué le rendez-vous. Il fallait qu'ils aient une médaille autour du cou. Ils la méritaient, c'était leur moment. Ils font deux contre-performances. Techniquement, nous avons bien travaillé. Les levels sont très bons, y compris ceux du paso doble. Les composantes sont bonnes. J’ai eu de très bons retours sur la danse rythmique. Souvent, à l'entraînement, quand ils sont en échec sur un élément, ils s'arrêtent. Je leur ai déjà dit, “ne vous arrêtez jamais”. Parce que si cela arrive en compétition, vous devez réadapter, trouver des solutions. C'est un couple qui est très bon, mais qui a le désamour des juges français. Ils perdent le titre de champions de France juniors depuis deux ans. L'an dernier, cela leur a fait mal, ils ne se sont pas sentis aimés par leur propre pays. Je n’étais pas présente, j’étais aux championnats d’Europe. Quand on s’est retrouvés à Villard, j'ai essayé de faire comme si ça n'existait pas. J'étais dans le déni. Je leur ai dit, "on passe à autre chose". Je ne prendrai pas en compte ce championnat de France junior. Je les ai ramassés à la petite cuillère pour les préparer aux Mondiaux. J'ai bien mis trois semaines, je n'ai pratiquement entraînés qu’eux et je les ai remis en confiance. Célina avait un problème de légitimité, mais elle a commencé la préparation mentale depuis. A Villard, tout est à leur disposition : préparation mentale, préparation physique, psychologue, sophrologue. Ils ont tout. Il faut se concentrer, se verrouiller.”
Solène Mathieu - Skate Info Glace
Écrire commentaire
domatt (dimanche, 08 décembre 2024 14:13)
;-))