Luc Economides s'est classé en quinzième place des Championnats d'Europe, à l'issue d'un très bon programme court (7e) et d'un programme libre plus difficile (17e). Il a partagé ses impressions aux journalistes présents à l'évènement.
Il s'agit de votre premier Championnat d'Europe, comment l'avez-vous vécu ?
Luc : J'étais ravi de pouvoir participer. C'était un objectif phare de ma saison et j'ai beaucoup travaillé pour y arriver. J'étais très enthousiaste de patiner et peu stressé. Le NHK Trophy était bien plus difficile ! J'avais les jambes qui tremblaient. A Kaunas j'ai mieux géré mon stress. Par ailleurs, j'ai senti que les regards sur moi étaient différents après ma septième place au programme court. Certains patineurs ont commencé à me considérer comme un concurrent plus dangereux qu'ils ne le pensaient précédemment.
Quel était votre objectif ?
Luc : Je voulais montrer ce que je savais faire et patiner au même niveau que lors de mes entraînements. Je préfère ne pas viser un classement précis.
Qu'avez-vous pensé de votre programme court ?
Luc : J'étais très content de ma performance. Ce programme est très énergivore, plus que le programme long qui a un côté plus humoristique. J'ai battu mon record de points. J'avais déjà obtenu un score supérieur lors de compétitions nationales, mais la notation n'est pas toujours comparable. La prochaine étape sera d'inclure des quadruples. Ils deviennent de plus en plus fiables à l'entraînement et j'ai d'ailleurs réussi un quadruple Salchow le matin du programme court, lors de l'entraînement.
Vous avez semblé hésité à la réception du triple Lutz au moment d'enchaîner avec le triple boucle piqué. Avez-vous envisagé un double ?
Luc : Oui effectivement, j'ai hésité ! La réception du Lutz était trop en avant. A l'entraînement, je ne l'aurais probablement pas tenté. Là j'ai voulu tout donner pour le Championnat d'Europe ! J'ai aussi entendu le soutien du public à ce moment-là, cela m'a donné un coup de boost.
Parlez-nous du costume de votre programme court.
Luc : Il a été créé par une amie qui possède sa propre marque de vêtement. Je voulais qu'il y ait des trous et qu'il représente un côté torturé que j'exprime dans ce programme notamment lors de la séquence de pas. Je trouve qu'elle a bien retranscrit ces idées. J'ai reçu un autre costume quelques jours avant ce Championnat de d'Europe, à suivre !
Vous considérez-vous comme quelqu'un de torturé ?
Luc : Je pense oui, comme beaucoup de personnes qui ont une fibre artistique. J'ai été en dépression pendant quelques années pendant la période du COVID. Je vais beaucoup mieux. Je manquais aussi de confiance en moi, mais j'ai beaucoup travaillé là-dessus.
Comment s'est passé le programme libre ?
Luc : C'était plus difficile. Ce n'était pas le reflet de ce que je réussis aux entraînements. C'est le jeu de la compétition... Je pense que j'ai eu des difficultés à gérer l'énergie toute la semaine. J'ai tout donné lors des entraînements. Je me suis senti fatigué le matin du programme libre. Pour les prochaines compétitions, il faudra que je trouve un meilleur équilibre. Je suis donc un peu déçu mais ce Championnat d'Europe reste une belle expérience. Je voulais tellement venir ! L'année dernière, je travaillais à la plonge d'un restaurant à la même période. Je regardais Adam patiner pendant que je lavais des verres. Cela a été un déclic pour moi. Je me suis dit "A l'année prochaine !"
Revenons sur votre médaille d'argent au Championnat de France en décembre.
Luc : La préparation avait été un peu compliquée. Florent et Sofia étaient pris sur d'autres compétitions et la glace à Vaujany n'était pas disponible. J'ai été soutenu par le club de Villard de Lans qui m'a accueilli. Nous avons également travaillé la choreo step du programme long. Par ailleurs j'étais malade, mais finalement la compétition s'est bien déroulée et je suis très content de cette belle médaille d'argent.
Quelle collaboration avez-vous avec Javier Fernandez ?
Luc : J'ai travaillé tout l'été avec Javier. Il nous a aidé sur mon programme libre sur Charlie Chaplin. Il avait patiné sur cette musique pendant sa carrière et je suis très content qu'il puisse m'apporter quelque chose qu'il a déjà vécu. Il m'aide aussi sur les aspects techniques, l'intention dans le programme et la connexion au public.
Comment vivez-vous le fait de patiner, comme Javier, un programme sur Charlie Chaplin. Est-ce facile de marcher dans ses traces ?
Luc : C'est très positif. Son programme était incroyable. Cela m'inspire et me donne une belle énergie, avec l'objectif de me rapprocher de son niveau le plus possible.
Vous êtes entourés par deux grands champions, Florent Amodio et Javier Fernandez. Comment cela vous inspire-t-il ?
Luc : Je suis très heureux qu'ils soient venus tous les deux pour me soutenir pendant les Championnats d'Europe. Mon père était fan de Javier ! Quant à Florent, je l'ai d'abord connu comme patineur. Nous avons quelques années d'écart mais je le voyais patiner en Championnats de France ou aux Masters. Je l'admirais beaucoup, notamment sur sa connexion avec le public. Javier et Florent étaient deux patineurs très connectés avec le public. Je vois une vraie différence entre un patineur qui va patiner son programme dans son coin et un autre qui va partager des émotions. Je veux pouvoir montrer cela aussi dans mon patinage.
Quelques mots avec Florent Amodio, son entraîneur :
Florent : Je suis ravi du parcours de Luc. Il a montré un visage de battant et un très beau début de saison notamment lors des Grands Prix et des Championnats de France. Aujourd'hui, le programme libre était moins bon. La saison est longue et il est normal que Luc tremble parfois. La prochaine fois, il ne tremblera pas !
Quelles sont les prochaines échéances ?
Florent : Les Championnats d'Europe étaient l'objectif majeur de la saison. Nous avons planifié deux compétitions internationales, pour gagner des points au classement mondial et continuer à gagner en expérience. Le calendrier était chargé à l'automne avec les deux Grands Prix donc nous n'avions pas pu inclure d'autres compétitions internationales. Nous avons prévu la Tallink Hotel Cup et la Coupe du Printemps.
Solène MATHIEU - Skate Info Glace
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