Compétition danse - Danse libre
Note à nos lecteurs : en raison de la procédure d'investigation en cours concernant Nikolaj Sörensen, Skate Info Glace a pris la décision collégiale et unanime de ne pas faire mention du couple Fournier-Beaudry/Sörensen dans ses articles, ni de publier de photos, quel que soit leur classement. Merci de votre compréhension.
Aucune surprise pour les trois places finales, les concurrents restent dans l'ordre de la danse rythmique. Au fil de la saison, Piper Gilles et Paul Poirier ont réussi à, subtilement, récréer l'atmosphère insolite du célèbre roman d'Emilie Brontë, les Hauts de Hurlevent, mélange de cruauté et de romantisme. Cette danse libre est beaucoup plus aboutie que lors de la Finale du Grand Prix. Le score est pourtant sensiblement le même, 128.41 à Pékin pour une 3ème place, 128.87 ici pour une médaille d'or (total 214.36), mais la comparaison est toujours difficile d'une compétition à l'autre. Le programme s'ouvre par la séquence sur un pied qui est de niveau 3 pour les deux patineurs. Portés, twizzles et pirouette sont de niveau 4, et la diagonale de niveau 2. Attention, cela ne suffira pas pour un titre mondial à Montréal contre des adversaires redoutables. Piper : "Je pense que nous avons réussi deux performances solides. Après la Finale du Grand Prix, nous avons scruté nos transitions et nos éléments à la loupe afin d'être sûrs de pouvoir booster nos grades d'exécution. Nous commençons à vraiment ressentir notre programme et sa dynamique. Paul et moi faisons partie des danseurs qui ne se parlent pas pendant le programme. Avec mes partenaires précédents j'étais un peu bavarde, mais Paul est dans sa bulle et nous nous parlons avant, jamais pendant." Paul : "Je ne pense pas que les programmes dramatiques soient particulièrement à la mode. C'est un hasard si, ici, les médaillés ont choisi ce thème. En danse, nous sommes deux sur la glace, et quel que soit le thème abordé, les deux patineurs doivent développer une relation. Il est relativement facile d'interpréter une relation joyeuse, distrayante, amoureuse. Au contraire du ballroom, qui reste dans ces registres, nous avons l'opportunité d'exploiter d'autres domaines en danse sur glace. Nous avions envie d'un thème sombre cette année. C'est la première fois que nous remportons un championnat. Nous n'avions pas participé aux Quatre Continents ces quatre dernières saisons. Nous devenons un peu la cible au lieu d'être les poursuivants. C'est un bon repère pour les championnats du Monde, contre des adversaires de valeur. Nous aborderons la fin de saison avec plus de confiance".
5èmes du libre seulement (119.57) mais médaillés de bronze (194.14), Christina Carreira et Anthony Ponomarenko sont tout de même 20 points au total derrière les Canadiens, ce qui fait beaucoup, même si l'on fait volontairement abstraction des seconds. Les juges ne sont visiblement pas d'accord sur la qualité de leur prestation. Les grades d'exécution de la séquence sur un pied (niveau 3) vont de +1 à +4. Le +3 de la pirouette niveau 4 est presque unanime (1 x +4). Les twizzles de niveau 2 pour Christina et 3 pour Anthony oscillent de -1 à +2. Les composantes vont de 8.25 à 9.50. Le programme sur la musique du "Parfum" est moins original que ne l'a été celui de Galyavieva/Thauron sur le même thème il y a quelques années. Mais le patinage est bon, en carres, solide et il y a un gros effort d'interprétation. Avec une armada de danseurs étoilés/médaillés comme équipe de coaching : Scott Moir, Madison Hubbell, Adrian Diaz, Patrice Lauzon, Marie-France Dubreuil, les Américains sont en passe de franchir un palier. Christina : "Nous sommes très heureux de notre compétition. Nous avons perdu des points aujourd'hui, mais nous restons satisfaits dans l'ensemble. Nous avons effectué de nombreux changements dans nos deux programmes et je pense que nous allons dans la bonne direction." Anthony : "Après les années 80s pour la danse rythmique, le côté sombre du Parfum nous permet d'exploiter un autre domaine d'émotions comme l'a très bien dit Paul. Nous avons un peu hésité au départ, puis nous avons finalement fait notre choix. La dernière fois que nous sommes montés sur le podium des Quatre Continents, c'était il y a deux ans [à la même place], mais beaucoup de choses se sont passées depuis. Juste après ces championnats en 2022, je me suis fait opérer de la cheville et j'ai connu la pire déprime de ma vie. Alors être de nouveau ici et avoir parcouru tout ce chemin avec Christina et notre équipe de coaching, est un moment très important, très émouvant. Je suis reconnaissant et fier que Christina et mes entraîneurs ne m'aient jamais lâché".
Le film d'animation Les Noces Funèbres ("La Mariée Cadavérique" au Québec) aura vingt ans l'an prochain et le mariage de Marie-Jade Lauriault et Romain Le Gac en aura dix. Leur libre est un petit bijou à mi-chemin entre le premier degré et l'humour noir. Le couple, qui a a stagné un petit moment, est en train de reprendre un bel essor. Ils sont 3èmes de cette danse libre ! (119.57), à moins de dix points des gagnants. Twizzles, portés, pirouette de niveau 4, séquence sur un pied et diagonale de niveau 2 pour Marie-Jade et 3 pour Romain, beaucoup de +4 et de +5 dans les grades d'exécution, un seul point de moins que Carreira/Ponomarenko en composantes : c'est un excellent résultat pour ce couple enthousiaste et attachant. Marie-Jade : "J'étais un peu stressée avant le programme aujourd'hui, mais je suis contente de la façon dont nous avons patiné. Nous avons travaillé avec plusieurs personnes sur notre thème, ce qui nous a donné différentes approches de nos personnages. Les différentes formes de la chorégraphie représentent bien le thème. Costumes et maquillage nous aident aussi à nous mettre dans la peau des personnages. Ce que nous avons intégralement emprunté au film est le moment, au début, où la mariée se réveille et où il lui passe la bague au doigt." Romain : "C'est l'instant où il se rencontrent pour la première fois. Nous voulions vraiment prendre cela comme point de départ pour construire notre programme". Ils montent à la 5ème place du classement général avec un total de 190.83.
4èmes de la danse rythmique, Emilea Zingas et Vadym Kolesnik persistent et signent (117.31/193.07). Nous restons dans le drame romantique avec La Belle et La Bête. Si Vadym, tout vêtu de noir, a l'interprétation sobre, celle d'Emilea inclut un peu trop d'exagération dans les gestes et expressions. Le programme est du Shpilband pur jus, c'est à dire solide techniquement, et chorégraphiquement un peu juste. "Denmark, Wind and Snow" est lui aussi romantique mais beaucoup moins sombre pour Green/Parsons. Le couple, vainqueur des mêmes Quatre Continents en 2022, et à qui on prédisait un avenir lumineux, a, depuis, tendance à stagner. Le patinage est pourtant agréable à l'oeil, rapide, fluide, il n'y a aucune erreur, mais les GOEs et les composantes ne montent pas, même si les niveaux sont corrects. Les élèves de Tanith et Charlie White se classent 6èmes du libre (115.16), et 6èmes de la compétition (190.53).
© Rumi Hirakiuchi
Kate Royan - Skate Info Glace