Déception pour Adam Siao Him Fa, déchu de son titre à Tallinn. Malgré un beau quadruple Salchow, le contenu technique émaillé de plusieurs accrocs ne lui permet pas de se
maintenir en tête de classement. Le quadruple boucle piqué, manqué à deux reprises, est considéré répété. Cette erreur entraîne également l’absence d’une troisième combinaison.
Adam : “Je ne sais pas encore si le verre est à moitié plein ou à moitié vide. Je ne suis pas satisfait de mon programme, parce que je sais que je peux faire mieux. Mais je
sais aussi d'où je reviens. Je n’ai eu que quatre semaines d’entraînement. Cela me motive davantage pour la suite que si j'avais gagné cette compétition. Si j'avais remporté une médaille d'or,
évidemment, j'aurais été content. Mais là, cela me montre que j’ai encore du travail à faire. Pendant le programme, une fois qu’un élément était terminé, je passais directement au suivant, je
faisais abstraction. Tout se déroule très vite, mais intérieurement, cela bouillonnait un peu. Dans ma vision des choses, je pense qu’une victoire n’aurait pas été "méritée" car je sais que je
peux faire mieux. Maintenant, il faut que je m'entraîne et que je travaille. Je ne pourrais pas identifier un point clé précis qui a fait que cela a flanché à un moment donné. Je pense que c’est
une question d’entraînement, de temps pour me remettre dans le bain, retrouver mes sensations sur la glace après les six minutes d’échauffement, gérer le fait de passer en dernier et d’être
favori. Ce sont plein d’éléments auxquels je dois me réhabituer. La compétition m’avait manqué. Je suis tout de même content d’avoir décroché cette médaille de bronze. Ce n’est pas mal pour un
retour de blessure.”
Cédric Tour, son entraîneur : “Nous ne remettons pas en cause le travail, nous continuons d’avancer. L’important, ce sont les championnats du monde. Pendant son programme
libre, il a eu une énergie différente de celle qu’il avait toute la semaine. Lors des six minutes d’échauffement, il était très bien, mais dès la transition avant le premier quadruple, cela
n’avait déjà plus la même allure. C’était un peu plus lourd dans la glace. Il faut garder à l’esprit qu’il n’a eu que quatre semaines de préparation. C’est cela qui a joué au dernier moment. Il
n’y avait pas assez d’entraînement pour lui permettre d’avoir totalement confiance et d’aborder le programme libre comme il aurait pu le faire. Maintenant, nous devons continuer sur cette
voie-là, et cela ne peut qu’aller vers le mieux. Il y a aussi énormément de positifs à retenir de cette compétition. Il a réussi tous ses entraînements et son programme court. Nous allons essayer
de tirer le maximum de positif de cette semaine. Nous savions que ces championnats d’Europe seraient un défi. Il faut apprécier cette médaille de bronze. C’est la quatrième médaille en deux ans
et demi. Après une blessure, ce serait idiot de ne pas la prendre en compte. Nous allons maintenant organiser la participation d’Adam à Holiday on Ice et Art on Ice avec une très bonne
planification. Je l’accompagnerai en Suisse pour continuer sa préparation.”
Nika Egadze laisse le podium lui échapper et prend la quatrième place. Le choix musical de la bande originale d’Oppenheimer est intelligent mais la chorégraphie est trop peu
fouillée pour laisser une impression durable. Après un début de programme cauchemardesque (triple boucle piqué et double Salchow), le Géorgien parvient à enchaîner une combinaison quadruple
Salchow triple boucle piqué et deux combinaisons avec triple Axel (la seconde étant tout à fait involontaire et placée pour cacher un retournement, mais reconnaissons la belle réactivité de
Nika).
Matteo Rizzo termine en cinquième place. Luciano Pavarotti ne semble pas être le thème le plus adapté au jeune Italien. Si l’éclectisme musical est apprécié, des choix comme
Coldplay ou Bruno Mars se sont révélés plus convaincants et porteurs par le passé. Côté technique, nous déplorons une chute sur le quadruple boucle piqué et un quadruple boucle en
sous-rotation.
Deniss Vasiljevs nous présente une chorégraphie aussi surannée que son programme court était moderne. Il réussit ses deux quadruples Salchow même si le second est incomplet.
Quelques retournements et imprécisions marquent le programme du Letton mais l’ensemble technique est suffisamment solide pour remonter en sixième place.
Loin du podium après le programme court (10e), Daniel Grassl ne participe pas à la bataille des tout meilleurs européens. Il réussit un quadruple Lutz et un quadruple Salchow
mais manque le quadruple boucle et chute sur le triple Lutz final. Pour une chorégraphie sur le thème de Billy Elliot, ce programme manque par ailleurs de fluidité et de souplesse
dans le mouvement. Il termine huitième.
Aleksandr Selevko avait saisi sa chance l’année dernière en Lituanie, en accrochant une médaille d’argent inédite. L’histoire n’est pas aussi belle un an plus tard devant son
public. Il ne déclenche pas les deux premiers sauts de son programme, initialement prévus en quadruple (boucle piqué et Lutz). Un triple Axel est réussi, mais le second est répété et chuté.
Mihhail Selevko s’en sort mieux que son grand frère avec un quadruple boucle réussi, mais le boucle piqué prévu en quadruple n’est, à son tour, pas déclenché. Il réussit
ses deux triples Axel avant de manquer un Lutz transformé en rotation simple. Il termine septième et devance Aleksandr, neuvième.
Nous attendions une remontée de Kevin Aymoz après sa 18e place du programme court. Elle n’a malheureusement pas eu lieu. Kevin prend la 22e place finale. Après une première
chute sur un quadruple boucle piqué et une seconde tentative avortée, le Français ne semble pas avoir la force psychologique de poursuivre son programme et les erreurs sur les sauts
s’accumulent. La séquence de pas atteint le niveau quatre et la séquence chorégraphique reçoit une pluie de GOE positives (+4/5).
“J’ai fait de mon mieux, mais le timing n’était pas le bon. La veille du programme court, j'avais réussi un programme sans faute à l’entraînement. Et la veille du programme libre, c'était
pareil : un programme libre sans faute. Il faut que j’apprenne à réussir le jour J. Je suis content, car je sais que j’ai la technique. J’ai tout. Il y a un an, je n’étais même pas capable de
me mettre sur la glace. Aujourd’hui, je peux y aller. Je crois que les championnats d’Europe ne sont pas ma compétition. Avant le programme court, j’ai rêvé d’une médaille. Après, je me suis
dit que je pouvais aller chercher une petite médaille sur le programme libre. Maintenant, je veux retourner au travail, parce que cela ne me tue pas. Je ne me sens pas mourir, je suis juste
en colère. J'ai travaillé pendant un an et j'ai lutté pour la vie. En dehors du patinage, je me sentais vraiment mal. Je suis là aujourd’hui, et je veux progresser dans tous les aspects de ma
vie. Je me suis parfois senti presque honteux de me montrer comme ça. Je voulais donner de l’amour au public car ils m’ont donné de l’amour. Il y a des jours où tout va mal, et d’autres où
tout va bien. Je peux gagner une médaille d’or au programme libre d'un Grand Prix et le lendemain, ne rien réussir. C’est cela, le sport.”
Solène Mathieu - Skate Info Glace
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