Alysa Liu s'empare du titre mondial, portée par un public en liesse. Dès les premiers sauts, elle montre une facilité et une fluidité étonnantes. Un état de grâce. Le public s'enflamme après chaque saut et la porte de bout en bout. Boston a couronné une patineuse américaine, mais pas celle que tout le monde imaginait. Elle-même n'en revient pas : "Je ne réalise toujours pas que j'ai gagné le programme court, alors je ne vous parle pas de la suite !". Pendant toute la semaine, Alysa a affiché une décontraction désarmante. Pendant que les autres patineuses stressent, elle blague avec le public. Revenons sur son parcours hors norme.
Enfant prodige du patinage, elle marque l’histoire en devenant, à 13 ans, la plus jeune championne des États-Unis en 2019. Elle est la première Américaine à réussir un quadruple en compétition, et la première femme à réaliser un quadruple saut et un triple Axel dans un même programme. En 2022, elle décroche la médaille de bronze aux championnats du monde à Montpellier. À la surprise générale, elle annonce sa retraite sportive à seulement 16 ans, expliquant qu’elle a accompli ce qu’elle voulait dans le patinage. En 2024, elle annonce son retour à la compétition, portée par une nouvelle envie. Dès le début de saison, elle montre une maturité artistique et une confiance retrouvée, toutefois sans parvenir à monter sur les podiums internationaux (quatrième et sixième lors des Grands Prix, quatrième aux Quatre Continents). Sa victoire à Boston vient couronner un parcours admirable et une joie retrouvée de patiner.
La triple championne du monde Kaori Sakamoto est allée au bout d'elle-même sur la glace de Boston mais s'est inclinée. Elle était revenue de la quatrième place du programme court en 2024. La cinquième place était trop lointaine cette année. Sur un programme libre sur la musique du film Chicago, qui avait reçu un accueil mitigé en début de saison, la superstar japonaise a su convaincre et embarquer les spectateurs de Boston de la première à la dernière note. Elle remporte la médaille d'argent.
Mone Chiba décroche la médaille de bronze grâce à un programme solide, bien qu'en retrait sur le plan de l'interprétation face à ses rivales. Une belle reconnaissance pour cette patineuse longtemps éclipsée par ses compatriotes.
Elle devance Wakaba Higuchi, sixième. Ce tir groupé impressionnant des Japonaises les positionne au coude à coude avec les Américaines, représentées aux 4e et 5e places par Isabeau Levito et Amber Glenn.
Sur une chorégraphie quelque peu surannée sur Liebestraum de Liszt, Isabeau Levito manque ainsi le podium, notamment en raison d'une chute sur la combinaison triple flip triple boucle piqué. Elle assure les autres éléments sereinement. Le calme règne dans la patinoire. Moment suspendu ou manque d'enthousiasme du public ? La coach de l'Américaine essaie de relancer les applaudissements en bord de piste. Même au pied du podium, le pari est réussi pour Isabeau, après une saison quasi blanche, et une sélection qui avait fait couler de l'encre, la fédération américaine l'ayant préférée à Bradie Tennell, quatrième des championnats nationaux et deuxième des Quatre Continents.
Amber Glenn tient sa revanche sur le triple Axel et le réussit dans le programme libre. Malheureusement, deux rotations manquantes (sur le premier Axel de la séquence et sur le flip de fin de programme) lui coûtent de précieux points. La ferveur du public américain est communicative, mais Amber ne remonte pas au niveau de ses ambitions.
Nina Pinzarrone se classe 7e. Venue seule pour représenter la Belgique, Loena Hendrickx étant blessée et Jade Hovine n'ayant pas obtenu les scores minimaux techniques, elle réussit le pari de se classer dans le top 10. Ce résultat permet à la Belgique de gagner deux places pour les prochains championnats du Monde et d'espérer également deux places aux JO (une place étant validée, l'autre étant à confirmer en septembre à Pékin). Le contenu technique est quasi parfait (deux sous-rotations sur le Lutz d'entrée et sur le Salchow), le programme est magnifique et la chorégraphie sur le thème d'Handmaid's Tale très bien interprétée.
Niina Petrokina n'a certes pas réitéré sa performance des championnats d'Europe, mais la jeune Estonienne s'est montrée à la hauteur de son nouveau statut. Le contenu technique est d'un très bon niveau, avec notamment une combinaison triple Lutz triple Salchow en seconde partie de programme. Le deuxième triple flip est en revanche retourné et donc répété. Elle se classe 8e.
Côté coréen, Haein Lee devance de vingt centièmes Chaeyeon Kim, qui n'opère pas la remontée attendue. Sa régularité légendaire a failli sur ces championnats, avec une erreur coûteuse dans chaque programme. Dans le libre, le triple Lutz est largement incomplet. Les autres éléments sont bien réalisés, mais ne suffisent pas à se hisser sur le podium. Haein est 9e et Chaeyeon 10e.
Après un début de programme catastrophique, avec deux chutes sur les deux premiers sauts (Lutz et flip), le public redouble d'encouragements, pour dire à Kimmy Repond de ne rien abandonner. Cela fonctionne et la Suissesse réussit tous les éléments suivants. Le résultat final (12e) reste difficile à digérer, pour celle qui était cinquième lors des derniers Mondiaux, mais permet à la Suisse de gagner deux places aux Jeux Olympiques.
Elle l'a fait ! Au terme d'un programme sans faute, Lorine Schild qualifie la France pour les Jeux Olympiques. Une combinaison triple Lutz triple boucle piqué pour bien démarrer son programme, avant de dérouler l'ensemble des difficultés prévues. Pas de record de points à la clé, mais peu importe, les sourires dans le Kiss and Cry en disent long. Lorine se classe 15e. Après une absence en 2022, la France pourra donc envoyer une patineuse à Milan en 2026. Au-delà de cet excellent résultat en individuel, cette performance renforce nettement les chances de l’équipe de France de se qualifier pour l’épreuve par équipe.
À l’issue de la compétition, les pays suivants ont obtenu leur qualification pour les Jeux olympiques de Milan :
- trois places pour les États-Unis et le Japon
- deux places pour la Corée du Sud et la Suisse
- une place pour la Belgique, l’Estonie, le Canada, l’Italie, le Kazakhstan, la France, Israël, l’Autriche, la Finlande, la Roumanie, la Pologne, la Bulgarie, la Grande-Bretagne et la Lituanie
À noter que la Belgique et l’Estonie auront la possibilité de valider une place supplémentaire à Pékin en septembre prochain.
Solène Mathieu - Skate Info Glace
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