Mondiaux Helsinki - Danse Courte
Virtue/Moir : le hold up...
Avec 5.54 points d'avance sur Papadakis/Cizeron, les Canadiens sont quasiment assurés du titre mondial. Face au rouleau compresseur technique que sont Tessa Virtue et Scott Moir, les Français n'avaient pas droit à la plus petite erreur. Or, ils en ont fait. Ce qui ne justifie pas forcément la générosité des notes dont on gratifie leurs camarades d'entraînement. Une maladie, qui évolue par épidémies, et qui sévit régulièrement en danse sur glace : l'oedème du score... Qu'on ne s'y méprenne pas, je ne conteste pas leur première place, ni leur supériorité technique. Mais leur offrir 82.43 points (au passage, un record mondial), tue le suspens et donc la compétition, au moins pour la médaille d'or. Tessa est parfaite, affûtée, enjouée, gracieuse et physiquement solide. Depuis son retour, Scott, par contre, joue peut-être un peu les poseurs, au détriment de son talent de danseur. Le couple est formidable à voir patiner, magistral d'assurance. Le thème choisi convient parfaitement à leur physique tonique, puissant. Le tempo final sert sans doute mieux la jeune femme que son partenaire qui exagère ses mouvements, quand elle, semble habitée par la musique. Ils seront de très beaux champions du Monde. Espérons que ce n'est, pour les juges, qu'une façon de célébrer leur retour et non un avant-goût de ce qui se passera aux J.O. de PyeongChang.
Si Papadakis/Cizeron (76.89 pts) ne pourront sans doute pas, dans la danse libre, combler l'écart creusé par les Canadiens (ou plutôt par leurs notes), il est important de souligner que seulement 0.33 points séparent les deux couples sur les composantes. Soit presque rien. Mais avec un seul niveau 4 (pour le porté stationnaire), difficile de lutter. Dans la seconde série de twizzles, Guillaume se saisit de sa lame trop tard et effectue un tour de moins que Gabriella. N'était-ce pas déjà l'erreur commise par sa partenaire aux Championnats d'Europe d'Ostrava ? On savait, depuis le début de la saison, que rien ne leur serait pardonné. A eux donc d'être irréprochables. Cependant, que les erreurs effectives soient sanctionnées, même durement, soit. Mais pourquoi, par exemple, de telles différence de niveaux sur les séquences de pas ? A travers quel prisme le panel technique regarde t'il les patineurs ? Pas au travers du même pour tout les couples, apparemment.
Surprise de cette danse courte, la troisième place des Américains Hubbell/Donohue (76.53 pts). Ils sont d'excellents danseurs, j'en conviens. Mais si certains programme sont "rentre dedans", point trop n'en faut. La danse courte de mes compatriotes n'est pas sans me rappeler le coup de tête de Zidane à Materazzi lors d'un certain match... On en sort franchement sonné par l'aspect tapageur de la démonstration. Auteurs d'un programme techniquement impeccable, Madison et Zachary devancent Gabriella et Guillaume sur la première note, mais leur accorder des composantes aussi élevées (36.06) est une hérésie. Et ceci au détriment de leurs compatriotes Shibutani/Shibutani qui, jusqu'ici, avait été activement soutenus par les juges et le panel technique. La fratrie "Shibs" se retrouve en 5ème position (74.88 pts) avec des niveaux qui oscillent de 2 à 4 et un score technique auquel ils ne s'attendaient sûrement pas. La seconde partie de leur musique, syncopée jusqu'au massacre, est toujours aussi insupportable. Mais la qualité de leur danse courte n'est pas en cause, pas plus que ne l'est leur incroyable dynamisme. Le programme est parvenu à maturité, ce recul brutal dans le classement n'en est que plus inexplicable.
Tir groupé pour les USA, puisque Chock/Bates prennent la 4ème place (76.25 pts). Ce sont sans doute les seuls danseurs équitablement notés ce soir. Bien qu'ils leur soient inférieurs techniquement, je conserve un gros faible pour le couple Weaver/Poje (6ème - 74.84 points). J'adore leurs lignes et leur élégance. Ils sont parfaitement complémentaires sur le plan physique, lui aussi brun et solide qu'elle est blonde et délicate. Leur danse courte est très bien équilibrée, entre blues romantique et hip hop enlevé. Le retour de Virtue/Moir leur aura, hélas, fait beaucoup de mal sur un plan purement politique. En 7ème position Anna Cappellini et Luca Lanotte (73.70 pts) sont à leur place. Ils sont suivis par les Russes Bobrova/Soloviev (73.54 pts). J'aime leur short dance et l'accélération de la musique. Mais Ekaterina paraît crispée, au contraire de son partenaire très à l'aise. Leur séquence de pas, cotée niveau 2, sera, aujourd'hui, leur principal handicap.
Le troisième couple canadien, Gilles/Poirier, s'attendait sans doute à mieux que le 9ème rang (72.83 pts). Leur thème disco, au kitsch assumé, enchante le public. Eux aussi sont un modèle d'énergie et d'enthousiasme. Un seul niveau 4 (porté rotationnel) ne leur permet néanmoins pas de monter dans la hiérarchie.
La (seconde) mauvaise surprise du jour pour la France vient du couple Lauriault/Le Gac (21ème - 56.43 pts) qui rate la qualification pour 0.67 points. Ils n'ont commis aucune erreur notoire, mais leurs niveaux sont peu élevés, à l'exception de leur porté rotationnel (4). Alessandrini/Souquet terminent 28èmes (49.1 pts) avec un joli programme, mais plusieurs erreurs. Six GOEs nuls sur neuf pour le Midnight Blues, niveau 1 pour les deux séquences de pas, GOEs négatifs pour les twizzles. Il va leur falloir travailler la technique. Leur seconde note est supérieure à celle des trois couples qui les précèdent, ce qui est très encourageant.
Sur place : Kate Royan