Photos © Benjamin Noël
Libre Couples - Stolbova/Klimov sans surprise
Deux Américains à Bordeaux sur un Américain à Paris, avec Scimeca/Knierim les portés sont beaux, ils patinent dans la bonne humeur mais je suis toujours gênée par leurs
erreurs de synchro. Pas autant cependant que par des Chinois sans relief sur My Fair Lady. C'est pourtant un joli thème, pas trop usé celui-ci, et le couple Wang/Wang a un potentiel évident, Mais
voilà, il n'y a rien de transcendant dans le programme et son interprétation. Les choses s'améliorent très sensiblement avec leurs compatriotes Sui/Han : puissants et élégants. La hauteur du
twist et l'ampleur des sauts lancés sont impressionnants. Malgré les difficultés techniques qui doivent être physiquement tuantes, ils semblent jusqu'à la fin, frais et dispos. Si Fedor Klimov
n'a pas encore la carrure et le charisme d'un Trankov, Ksenia Stolbova, elle, est déjà à armes égales avec Tatjana Volosozhar. Voltigeuse d'exception, le programme la met parfaitement en valeur.
Il n'est pas sans doute pas aussi prenant que leur court, et les trois passages musicaux chantés par trois voix différentes alourdissent l'impression d'ensemble. Un montage allégé, une
chorégraphie plus ciselée, une interprétation plus sensible en feraient un libre somptueux. En l'état, il me séduit mais ne m'émeut pas. Avec James/Ciprès, tout passe, pas d'erreur
majeur, voire pas d'erreur du tout et c'est une excellente nouvelle. Mais sur un thème triste voire dramatique, que tout est mécanique et dénué d'émotion... Les éléments sont exécutés, le contrat
est rempli mais nous avons de nouveau sur la glace deux individuels qui patinent côte à côte, pas un couple. Pas d'interaction, les patineurs ne se regardent même pas. Il serait sans doute plus
judicieux d'essayer de retrouver une unité que de réclamer les applaudissements du public comme le fait régulièrement Morgan. On peut comprendre qu'il soit content de sa prestation, même s'ils en
ont déjà fourni de meilleures. De là à ce que tout le monde partage cette satisfaction...
Libre dames - Radionova, du grand art
Les programmes sans aucune faute existent encore, merci Elena Radionova. Ils sont de plus en plus rares et donc, de plus en plus précieux. Ce petit bout de jeune fille nous
a gratifiés aujourd'hui d'un libre magistral. N'importe quelle gamine de son âge, à technique équivalente, serait écrasée par le côté solennel et sombre de la musique de Rachmaninov. Pas
Elena. On dirait qu'elle ne touche pas la glace, la flexibilité d'une liane et la légèreté d'une plume. Pourtant le contenu technique lui, est lourd. Et c'est justement là qu'est la performance.
Tout semble facile dans son patinage. Le plaisir évident qu'elle prend à être sur la glace, à la compétition, est un véritable bain de jouvence pour la discipline. Seul petit bémol, sa posture
"tête dans les épaules", qui casse sa silhouette. Mais si hier je préférais Lipnitskaïa dans le court, aujourd'hui il est impossible de ne pas reconnaître la supériorité éclatante de sa
compatriote. Victime d'une construction de programme maladroite, Julia paraît tendue et peu sûre d'elle sur une chorégraphie qui ne sert pas non plus son talent. Même sa technique en pâtit, comme
en témoigne la chute sur le triple flip. Dommage pour Artemieva, sans doute stressée par l'enjeu, qui n'a pas renouvelé sa performance d'hier. Aplatie par une musique sévère, une collection de
chutes (trois en tout) sur un programme pourtant très bien bâti et très adapté à ses qualités, a oblitéré la bonne impression laissée par son court hier. Une chute également pour Wagner, sur un
Moulin Rouge ni très original, ni très poétique. On sent le calcul mathématique là où l'on aimerait voir de l'émotion et de la sensibilité. 6.70 de moins sur les TES que sa compatriote Hicks et
c'est la 3ème place qui s'envole. Il n'y a pourtant aucune comparaison possible entre les deux patineuses, les programmes de Hickx étant génériques et exécutés de façon trop académique.
Maé-Bérénice se sort plutôt bien de sa "Conquête de l'Espace" et de ses "Ombres" (titres de ses musiques) mais la prise d'élan des sauts est toujours maladroite, la seconde partie du programme
est trop lente. Manque de condition physique ? Par contre, le contenu technique revu à la hausse est un choix ambitieux et honorable. Laurine Lecavelier ferme la marche avec 2 déductions, 1 chute
et 1 dépassement de temps. Mais un premier Grand Prix, qui plus est, dans son pays, c'est toujours très stressant.