Célina Fradji et Jean-Hans Fourneaux débutent leur saison avec succès, remportant les Masters et l'or au Grand Prix junior d’Ostrava, un pas important vers une possible troisième finale du Grand Prix junior à Grenoble en décembre 2024.
Solène : Quel est votre bilan des Masters ?
Célina : Cela s'est bien passé. C’était une bonne mise en situation car nous partons au Grand Prix junior de Ljubljana mardi 1er octobre. Cette compétition sera très importante. Les Masters nous ont permis de voir ce qui fonctionne et ce qu'il faut retravailler. La compétition s'est très bien passée, nous avons patiné deux très bons programmes qui nous donnent confiance pour Ljubljana. Nous avons eu un bon feedback de nos entraîneurs, et des juges à travers les scores qui ont augmenté. Nous avons pris beaucoup de plaisir. Nous patinons à domicile, c'est toujours agréable, tout le monde est présent pour nous soutenir.
Solène : Parlez-nous de votre nouvelle danse rythmique.
Jean-Hans : Nous patinons sur YMCA des Village People. Nous avons voulu prendre un petit risque avec un programme positionné sur le divertissement. Cela semble bien payer pour l'instant. J’ai l’impression que les juges adhèrent. Nous nous amusons beaucoup !
Célina : Je suis souvent stressée lors des danses rythmiques, comme c'est la première épreuve de la compétition. Cette année, cela me change parce que je suis concentrée sur le fait de faire rire. Nous jouons sur le côté humoristique avec “In The Navy”. Nous adorons ce programme et les bons retours nous ont donné confiance. YMCA, c'était un peu “ça passe ou ça casse”, parce que c'est très original. Ce n’est pas une musique que nous avons beaucoup entendue dans les patinoires.
Solène : Et votre danse libre ? Nous sentons un côté plus mature, comme pour créer une transition vers les seniors ?
Jean-Hans : Oui c'est exactement ça. Nous sommes dans un registre assez lent, avec des parties dynamiques. Cela fonctionne bien pour nous sur les programmes longs. C’est une transition vers la catégorie senior. Nous réalisons des éléments totalement différents de l'année dernière et prenons des risques sur les éléments techniques.
Célina : C’est un programme très ambitieux parce que nous avons tout changé. Pour l’instant, il y a encore des choses qui ne fonctionnent pas, qui seront beaucoup mieux dans quelques temps. Cette prise de risques va nous servir cette saison en termes de score et pour la transition vers les seniors. Nous avons voulu prendre une musique connue de Muse. Lors du premier Grand Prix à Ostrava, cela a plutôt bien fonctionné. Nous adorons ces musiques. Nous avons donc deux programmes solides que nous apprécions beaucoup.
Solène : Revenons sur votre victoire à Ostrava. C’était votre premier titre en Grand Prix junior. Je dois dire que je m'attendais à une explosion de joie dans le Kiss and Cry, mais votre réaction était assez retenue.
Célina : De mon côté, c'était dû à la fatigue. Avant Ostrava, j'ai eu une rage de dents. J’ai mal dormi pendant toute la semaine. La veille du départ, je me suis coupée les doigts avec une mandoline, ce qui m'a valu des points de suture. La rage de dents a été difficile à supporter pendant le trajet en avion. Mais nous étions très contents de gagner ! Cela faisait quelques années que nous étions sur les podiums mais gagner était une expérience différente. Ce sont de très bons souvenirs, que nous espérons revivre la semaine prochaine à Ljubljana.
Jean-Hans : C'était la première fois que nous montrions ce programme libre. C’était une bonne performance mais certains éléments ne sont pas bien passés. J'étais content de la victoire mais je gardais en tête ces quelques éléments manqués dans le programme.
Solène : Vous démarrez bien la saison avec cette victoire. Il faudra bien sûr réussir votre prochain Grand Prix, mais disons qu’il y a moins de suspense que les années précédentes pour la finale. La saison se profile un peu différemment. Comme vous le ressentez ?
Célina : Nous sommes plus en confiance. C'est vrai que les deux saisons précédentes, la qualification en finale a été obtenue de justesse. Nous avons bien vu qu'une fois sur place, nous méritions notre place, mais la sélection était tendue. Il avait fallu attendre le dernier Grand Prix pour savoir si nous étions sélectionnés, c’était stressant. C’est vrai que c’est différent cette année. Après, je ne suis pas obnubilée par la sélection en finale. J’ai envie d'améliorer les éléments qui nous ont un peu frustrés à Ostrava. Je suis plus concentrée sur le fait de réaliser de belles performances.
Solène : Vous arrivez en Grands Prix avec un statut de favori. Comment le vivez-vous ?
Jean-Hans : Je ne le ressens pas trop. Je me concentre sur les programmes et la performance.
Célina : Nous sommes plus confiants que la saison dernière mais nous gardons les pieds sur terre. Il faut avant tout faire de belles performances pour se qualifier en finale.
Solène : Votre planning est clair jusqu'à début décembre. Quelle sera la suite ? Vous m'aviez parlé d'une saison mi-junior mi-senior. Est-ce toujours le cas ?
Célina : Nous l’avions évoqué effectivement, mais ce serait compliqué parce que les compositions des programmes sont très différentes. Cette année, il y a peu de points communs entre les danses rythmiques juniors et seniors. Nous avons deux séries de paso doble, ils n'en ont pas. En fait, nous n’avons rien en commun. Ensuite, nous allons jouer une première place au championnat du monde junior. Quand on arrive favori, ou quand on veut être les favoris, on ne peut pas tout faire. Si nous voulions gagner les Mondiaux Juniors, il nous faut nous concentrer sur cet objectif. D’ailleurs, si on regarde les champions du monde juniors de la saison dernière, ils n’avaient pas fait de compétitions seniors. En revanche, nous préparons la transition dans nos démarches de travail. Cet été, nous avons travaillé sur de nouveaux éléments parce que nous voulons arriver avec quelque chose de différent en catégorie senior.
Solène : Vous atteignez l’âge maximal en junior, donc vous serez nécessairement chez les seniors l’année prochaine, c’est bien cela ?
Célina : Oui effectivement. Et même sans considérer la question de l’âge, nous pensons que c’est le bon moment, nous sommes prêts. Nous sommes très enthousiastes. Ce seront des grosses compétitions avec une ambiance différente. En junior, notre objectif est de gagner. Chez les seniors, nous envisagerons les compétitions différemment, et cela va nous aider à grandir.
Jean-Hans : Nous sommes chez les juniors depuis 2019-2020, nous avons été surclassés tôt. La catégorie senior va probablement nous réserver quelques surprises. Les enjeux sont différents.
Célina : J’avais 13 ans, Jean-Hans en avait 16. Nous avions l'âge d'être encore novices à l'époque mais nous savions que plus on commencerait tôt, plus ce serait facile.
Jean-Hans : Nous allons aussi nous confronter à des danseurs qui sont là depuis très longtemps.
Solène : Et vous retrouver en compétition face aux meilleurs du monde…
Célina : C’est très excitant. Nous n’allons pas essayer de les battre, mais cela va nous faire progresser. Voir comment ils se comportent aux entraînements officiels et comment ils se préparent va nous faire évoluer.
Solène : Qu’avez-vous pensé de la compétition senior lors de ces Masters ?
Célina : J'avais hâte de découvrir les programmes. C’était très intéressant de voir leurs propositions, dans les éléments, les transitions... Ils ont tous montré des concepts différents, qui nous inspirent. Nous voyons que c'est cela qui fonctionne, avoir sa propre personnalité.
Solène Mathieu - Skate Info Glace
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