Au terme d'une compétition très relevée, Adam Siao Him Fa s'est adjugé un deuxième titre consécutif au Grand Prix de France. Nous avons pu le rencontrer avec un collectif de journalistes présents à l'évènement.
Comment vous êtes-vous senti lors du programme court ?
Adam : J'étais très content de mon score, mais je ne me sentais pas complètement bien sur la glace. Je me suis adapté à la situation et je m'en suis bien sorti. J'ai réussi à rattraper les sauts comme je sais le faire à l'entraînement. Je savais que ce n'était pas gagné et il fallait que j'aille chercher des points partout.
Les six minutes d'échauffement avant le programme court étaient effectivement difficiles, avec plusieurs erreurs, alors que vos sessions d'entraînements jeudi et vendredi étaient excellentes.
Adam : Oui je me sentais très bien lors des entraînements. Tout a changé pendant les six minutes avant le programme court. J'étais stressé. Il fallait que je me recentre et que je prenne mon temps. Je savais que ce n'était pas grave, que la compétition ne se jouait pas sur les six minutes. C'était mieux que je fasse ces erreurs à ce moment-là plutôt que dans le programme !
Quelle a été votre réaction lors de l'annonce des notes du programme court ?
Adam : J'étais très content. Je ne visais pas forcément un score en particulier. J'étais satisfait parce que j'avais patiné proprement. Pas parfaitement, mais proprement.
Satisfait seulement ?
Adam : C'est déjà un grand mot pour moi (rires).
S'est-il passé quelque chose sur le parapluie lors du programme court ? La réception a semblé plus hasardeuse qu'habituellement.
Adam : Mes entraîneurs m'ont dit qu'ils avaient eu une frayeur. Je n'ai rien senti de particulier de mon côté. J'étais très concentré, surtout que j'ai eu des déséquilibres dans ma série de pas. Je me disais : "Reste debout, c'est tout ce qui compte. Reste debout et fais les pas."
Comment avez-vous vécu la victoire après le programme libre ?
Adam : Je n'arrive toujours pas à réaliser ce qui s'est passé. Pendant un moment, j'ai complètement oublié la compétition et toute cette pression que j'avais. Je me suis laissé porter par la musique, en m'amusant simplement. Je me disais : "Fais comme à l'entraînement, patine et amuse-toi". J'étais détendu et je n'ai pas vu le programme passer mais j'ai traversé toute une gamme d'émotions. Je suis resté concentré jusqu'à la fin du programme parce qu'une erreur peut arriver très vite, mais je me suis vraiment amusé à fond, c'était génial. J'ai crié de joie sur la dernière note de musique. Je me suis préparé pendant des mois, des années même, pour réussir ce genre de performance.
Vous défendiez votre titre, avec un sacré adversaire en face. Quelle pression avez-vous ressentie ?
Adam : J'essayais de ne pas y penser mais c'est vrai qu'il y avait forcément de la pression. Cependant, je me la mettais surtout vis à vis de ma performance personnelle, parce que j'avais réalisé de très bons programmes en ce début de saison et je savais que je devais continuer dans cette direction. C'est du sport, tout peut arriver et parfois, j'ai de mauvaises pensées qui me disent "attention, quelque chose peut arriver", mais j'essaie de les mettre de côté et je me recentre.
Ces deux victoires consécutives au Grand Prix de France ont-elles une saveur différente ?
Adam : Cette saison est très différente de l'année dernière. Le niveau est très élevé et cela est d'autant plus motivant. L'année dernière, je visais un top 5 à mon Grand Prix et j'avais fini premier. Cette année, je savais que c'était jouable si je faisais mon travail, mais il fallait que je reste concentré sur ma performance. Par rapport à l'année dernière, j'inclus quatre quadruples dont le Lutz ainsi qu'un deuxième triple Axel dans le programme libre. Je réalise aussi un quadruple Lutz dans le programme court. Je me suis beaucoup préparé avec un gros travail sur moi-même, sur ma préparation physique, sur glace et hors glace, ainsi qu'avec mon préparateur mental pour être dans les meilleures conditions possibles et gérer mon stress de la manière la plus efficace.
Vous avez dépassé la barre des 100 points sur un programme court pour la première fois en compétition ISU, ainsi que la barre des 200 points sur le programme libre.
Adam : C'est vrai que peu de patineurs ont franchi ces paliers. Les atteindre en Grand Prix est une preuve que le travail que j'ai accompli jusqu'à maintenant a payé. Je dois continuer ainsi, c'est la confirmation que je suis sur la bonne voie.
La victoire s'est jouée à peu de choses, comment auriez-vous vécu une deuxième place ?
Adam : Ce qui comptait le plus, c'était ma performance. Je n'ai pas la main sur les autres patineurs et leurs scores. Je fais mon travail, je fais ce que je sais faire sur la glace et après, le résultat m'importe peu tant que j'ai pris du plaisir et que je suis satisfait de ma performance.
Vous n'avez pas fait de backflip pendant le programme, mais à votre sortie de glace. Était-ce prévu comme cela avec votre équipe ?
Adam : Nous en avions parlé avec mes entraîneurs, qui m'avaient bien dit de ne pas le faire pendant le programme pour éviter la déduction de deux points pour élément illégal. J'ai donc décidé de le faire après, et au final la victoire s'est jouée à deux points, donc j'ai bien fait.
Allez-vous fêter ce succès ?
Adam : Pas vraiment. Je passe rapidement à Nice et je décolle mardi pour la Coupe de Chine. Il faut que je me repose et que je récupère avant mon deuxième Grand Prix.
La victoire est-elle jouable à la Coupe de Chine ?
Adam : Je me concentrerai avant tout sur ma performance. Je sais évidemment qu'il y aura Shoma Uno, un patineur excellent que j'admire. Cela va être très motivant de patiner avec lui, comme cela a été motivant de patiner en France avec Yuma et Ilia. Je vais donner le meilleur de moi-même. Les conditions seront toutefois différentes. Il faut que je gère le décalage horaire, le voyage et la récupération du Grand Prix de France. Je vais me servir de l'expérience acquise l'année passée pour faire mieux que l'année dernière au trophée NHK.
Comment appréhendez-vous cette rivalité avec Ilia Malinin ?
Adam : C'est motivant, car nous nous tirons vers le haut. Nous donnons notre maximum et c'est très agréable de pouvoir participer à des compétitions dans cette atmosphère.
Vous aimez tous les deux les figures acrobatiques. Avez-vous essayé le "Raspberry Twist" d'Ilia ?
Adam : Ilia m'a appris le Raspberry Twist quand nous étions au Japon ensemble pour des galas, mais c'est sa spécialité et je ne veux pas l'inclure dans mes programmes de compétition. De mon côté, j'avais proposé à Ilia qu'on fasse un backflip en parallèle !
Vous pouvez retrouver une vidéo sur les réseaux sociaux d'Adam et Ilia réalisant un Raspberry Twist en parallèle.
Solène MATHIEU - Skate Info Glace