Barbara Piton a été vice-championne de France 1996 en danse sur glace avec son frère Alexandre Piton. Ils ont également participé aux championnats d’Europe, du monde et aux Grands Prix à plusieurs reprises. Barbara entraîne maintenant deux couples de danseurs à Châlons-en-Champagne, dont les Français Dania Mouaden et Théo Bigot.
Solène : Qu’avez-vous pensé de ce premier Grand Prix pour Dania et Théo ?
Barbara : Je suis fière de leurs performances, surtout vu leur jeune âge (13 et 14 ans). Ce sont les plus jeunes de la compétition et ils n’avaient jamais fait de compétition junior avant. Ce ne sont pas les meilleurs programmes qu'ils aient fait, ils étaient un peu sur la réserve, mais c'est normal pour une première compétition d’une telle ampleur. Nous avons de très bons retours. Ils montrent leur potentiel et ils ne flanchent pas. Le classement et les scores ne le montrent pas encore autant que nous le souhaiterions, mais cela viendra, ils vont se faire connaître. Le deuxième Grand Prix Junior, à Budapest, arrive rapidement. Nous allons effectuer quelques petits changements dans les programmes et montrer une progression. Il leur faut prendre de l'expérience en junior maintenant. L’année dernière, Théo a été blessé une semaine avant les Masters et ils n’ont participé qu’aux championnats de France cadets, qu’ils ont gagnés. Cela a été une année difficile, mais la blessure de Théo est désormais derrière nous.
Solène : Un premier Grand Prix est forcément impressionnant. Comment l'ont-ils vécu ?
Barbara : Oui, c’est impressionnant pour des patineurs si jeunes. Je pense aussi à Romane Télémaque et Stefania Gladki, qui ont 13 ans. Ces jeunes assurent, je leur tire mon chapeau ! Nous avons une belle équipe de France. Concernant la pression, je sais ce que c’est, et j’essaie de les soutenir au mieux en utilisant mon expérience. Ils ont aussi un préparateur mental à Châlons. Nous faisons un travail d’équipe, avec également des intervenants en danse classique et en préparation physique.
Solène : Quels étaient leurs objectifs lors de ce Grand Prix ?
Barbara : Nous avions participé aux tests juniors à Courchevel avec l'équipe de France. Nous avions eu de très bons retours des juges français. Comme il s'agissait d'une première compétition junior, nous n'avions pas fixé d'objectifs de points à Linz. Bien sûr, Dania et Théo sont des compétiteurs, donc le classement n'est pas sans importance, mais dans le cadre de ces Grands Prix juniors, toute expérience est bonne à prendre.
Solène : Comment s’est créé ce couple ?
Barbara : Ils sont ensemble depuis 5 ans. J’entraînais déjà Théo avant cela, il est de Châlons. Il patinait avec une autre partenaire, mais pour diverses raisons, dont un problème de taille, ils n'ont pas poursuivi ensemble. Les tests ont tout de suite été très concluants avec Dania. À ce moment-là, elle n'avait jamais patiné en couple, et elle faisait d'ailleurs plus d'artistique que de danse sur glace. Ils ont la même manière de patiner, même s'ils n'ont pas appris à patiner au même endroit. Ils ont des caractères assez différents. Dania est très pétillante tandis que Théo est plus posé. Ils s'entendent bien. Ils sont complémentaires et forment un beau couple sur la glace.
Solène : Quelles sont leurs forces ?
Barbara : L'énergie, l'investissement, l'engagement. Je n'ai pas besoin de les pousser. Ils ont beaucoup de potentiel et ils le montrent, mais il ne faut pas brûler les étapes. Ils n’ont que 13 et 14 ans, la route est longue, ils le savent. Ces Grands Prix sont une belle expérience dans ce sens.
Solène : Vous entraînez également un autre couple sur cette compétition, les Suisses Maëlle Ledermann et Antonin Emo ?
Barbara : Oui, j’entraîne ces deux couples, qui étaient tous les deux à Linz. Je m'efforce qu’ils puissent chacun montrer leur personnalité sur la glace. Je ne veux pas d’une école chalonnaise, dans le sens où je veux qu’il y ait Dania & Théo et je veux qu’il y ait Maëlle & Antonin. Je ne souhaite pas qu’ils fassent la même chose, tout comme je ne souhaite pas qu’ils essaient de ressembler à d’autres. Nous n'essaierons pas de faire du Gabriella et Guillaume. Ils l’ont déjà très bien fait !
Solène : Vous avez patiné au haut niveau. Est-ce que cela vous manque ?
Barbara : Je patine à l’entraînement et j’ai plaisir à chorégraphier les programmes, ce que je ne faisais pas en tant que patineuse. Cela me permet de m'exprimer autrement. Je laisse la place aux jeunes maintenant ! Par contre en compétition, il est clair que je préférais patiner qu’entraîner. C’est difficile de voir ses élèves patiner. Je sais que je bouge beaucoup en bord de piste pendant leur programme (rires). J’ai tellement envie qu’ils patinent bien et je me sens un peu impuissante pendant ces quelques minutes.
Solène : Que devient votre frère ?
Barbara : Il ne travaille pas dans le monde du patinage, mais il nous rend parfois visite. Il vient apporter un regard extérieur et complémentaire, ce qui est précieux. Il peut aussi aider Théo et mieux lui montrer certaines positions.
Solène : Est-ce que vos élèves ont déjà vu des vidéos de vos programmes ?
Barbara : J’imagine qu’ils sont allés voir, mais c’était une autre époque, un autre patinage. On ne peut pas vraiment comparer. Dania est assez demandeuse et curieuse de mon expérience. Cela dit, toutes les carrières et les expériences sont différentes. J’étais jeune lorsque je suis passée junior et lorsque nous avons participé aux championnats du monde, mais le patinage et les enjeux étaient différents. D’ailleurs il n’y avait pas de Grand Prix junior à cette époque.
Solène MATHIEU - Skate Info Glace