Avec sa partenaire Isabelle Delobel, Olivier Schoenfelder a été sextuple champion de France de 2003 à 2008, champion d'Europe en 2007 et champion du monde en 2008. Il entraîne désormais à Lyon. Nous l’avons rencontré lors du Grand Prix de Linz où il accompagnait ses élèves.
Solène : Quels étaient vos objectifs pour Ambre Perrier-Gianesini et Samuel Blanc-Klaperman à Linz ?
Olivier : Il y a eu du stress sur ce Grand Prix junior, c’est normal, mais nous avons fait une belle préparation cet été. Nous n’avions pas une idée claire d’un objectif de classement sur ce Grand Prix. Le niveau était assez relevé et homogène. Ambre et Samuel sont relativement nouveaux chez les juniors. Nous essayons d’augmenter les scores bien sûr, et j’avais en tête un top 5, ce qu'ils ont réussi.
Solène : Depuis la saison dernière, leur présence sur glace a bien évolué !
Olivier : Ils ont vraiment beaucoup progressé et ont passé un cap. L’année dernière ils démarraient tout juste en juniors. C’est un changement de catégorie peu évident à gérer. Maintenant ils montrent de la vitesse et de l'interprétation. Je suis confiant et je pense qu’ils auront de beaux résultats dans le futur.
Solène : Comment va la vie d’entraîneur ?
Olivier : Nous avons beaucoup de travail et nous nous investissons à fond. Nous avons une belle école à Lyon avec Muriel Zazoui, Marien de la Asuncion et Emi Hirai. Nous entraînons beaucoup de couples juniors et séniors, ce qui crée une belle émulation. C’est beaucoup de plaisir !
Solène : Comment vous organisez-vous entre vous ?
Olivier : Nous travaillons tous les quatre avec tous nos couples même si chacun a sa spécialité sur la glace. Muriel travaille beaucoup avec eux sur l'interprétation et la connexion. Marien est spécialiste technique donc il les aide beaucoup sur cet aspect, mais nous touchons tous à tout. C’est bien pour les patineurs d’avoir des avis différents et complémentaires. Nous gardons évidemment une continuité et échangeons beaucoup tous les quatre.
Solène : Vous entraînez aussi Lou Terreau et Noé Perron. Comment vont-ils ?
Olivier : Bien ! Ils participeront au Nebelhorn Trophy et aux Masters en septembre. Cette année, nous avons changé de style pour leurs programmes. Nous sommes allés sur des choix plus complexes en termes d'interprétation. Ils ont très bien réagi. Nous sommes très contents de leur évolution. Ils progressent et prennent confiance en eux.
Solène : J’avais également apprécié un de vos jeunes couples lors de la tournée de l’équipe de France à Lyon, Romy Reverchon et Victor Demuzio.
Olivier : Ils progressent bien. Ils ont commencé jeunes ensemble et ont du talent et de la personnalité. A suivre !
Solène : La danse sur glace française a toujours su former de beaux champions et montre une remarquable stabilité. A quoi l’attribuez-vous ?
Olivier : C’est difficile à dire, mais nous avons de bonnes écoles de formation, qui forment de bons danseurs, et notamment des garçons. Ce n’est pas toujours simple d’amener les garçons à ce niveau et de les garder. Nos écoles arrivent aussi à bien accompagner les jeunes sur les passages en juniors puis en seniors. Il faut être un bon patineur, mais il faut aussi être bien dans sa tête. Nous essayons de les soutenir et de les développer au mieux. D’autres écoles françaises font également du très bon travail bien sûr, à Villard-de-Lans par exemple ou ailleurs. Il faut continuer comme cela ! C’est vrai que nous avons un bon vivier malgré un nombre de licenciés inférieur à celui d’autres pays.
Solène : Quels danseurs retiennent votre attention au niveau international ?
Olivier : Cela dépend beaucoup des saisons et de ce que les patineurs proposent. J'aime voir des prises de risques. Par ailleurs, il est important pour moi que chaque couple, chaque école, chaque pays garde sa personnalité. Qu’il s’agisse de l’école nord-américaine, russe, ou française, chacune apporte quelque chose à la discipline. En France, il faut que nous arrivions à garder notre originalité et à apporter de l'innovation dans les chorégraphies.
Solène : L’école italienne propose également de belles choses, avec notamment Barbara Fusar-Poli et Charlène Guignard & Marco Fabbri.
Olivier : Oui, l'école italienne est très intéressante et stable. Avec Charlène et Marco, Barbara fait du très bon travail et ils se sont inscrits dans la durée en réussissant à se maintenir au plus haut niveau. C'est un couple que j'apprécie vraiment. Je suis toujours intéressé par ce qu'ils proposent.
Solène : Quel est votre avis sur l’évolution de la danse sur glace ?
Olivier : Pour commencer, je suis un défenseur des danses imposées et je trouve dommage qu'elles aient disparu même si je comprends ce choix. Je ne suis pas complètement convaincu des formats qui sont proposés cette saison, notamment chez les juniors. C'est assez segmenté et compliqué, ce qui rend la création des programmes difficile. Nous courons d’un élément à un autre, ce qui nous oblige à faire des concessions sur le patinage, ce qui est évidemment dommage. Théoriquement, nous avons beaucoup de marge de manœuvre dans les portés par exemple, mais comme nous sommes limités par rapport au placement et au temps, nous nous retrouvons à faire des choix similaires et les programmes tendent à se ressembler. Nous essayons cependant bien sûr de tirer le meilleur du règlement pour proposer de bons programmes. Globalement, il y a souvent des changements, et tous ne me semblent pas nécessaires. Nous avons besoin de stabilité dans le règlement. En revanche, je suis très content du choix du thème des années 80 pour la danse rythmique cette saison. Nos patineurs s’amusent beaucoup dessus ! Ce n'est certes pas leur génération, mais ils connaissent ces musiques. Ils ont proposé eux-mêmes des idées. Nous les avons accompagnés dans leurs choix, mais beaucoup de propositions sont venues de leur part.
Solène : Est-ce que patiner vous manque ?
Olivier : Je mets les patins aux entraînements évidemment. J’aime patiner mais je ne reviendrai pas à la compétition (rires). Cela me fait plaisir d’être sur la glace avec les jeunes et de monter les programmes avec eux.
Solène : Est-ce que vos élèves connaissent vos programmes avec Isabelle Delobel ?
Olivier : Je ne sais pas… J’imagine que certains les connaissent. A Lyon nous réalisons tout le parcours de formation, dès le plus jeune âge. C’est clair que les tout petits ne connaissent pas mes anciens programmes. Quand ils apprennent que j’ai fait du haut niveau, ils sont parfois surpris ! En tout cas, c’est à eux d’avoir envie de regarder, je ne vais pas leur demander (rires).
NB : Entre temps, j’ai pu demander à ses élèves Ambre et Samuel s’ils avaient vu des programmes d’Olivier. La réponse était claire : oui ! Retrouvez notre interview avec eux.
Solène MATHIEU - Skate Info Glace