Charlène Guignard et Marco Fabbri dominent la danse sur glace européenne depuis quelques mois. Nous les avons rencontrés lors de plusieurs compétitions pour évoquer leur succès.
Solène : Vous enchaînez les médailles ! Racontez-nous comment se sont passés ces derniers mois.
Marco : Pour notre première compétition de la saison, le Lombardia Trophy en septembre, nous ne nous attendions pas à des scores si élevés car nous savions que nous avions encore beaucoup de travail à faire. C’était un excellent début de saison et cela nous a montré que les juges aimaient nos programmes. Nous avons ensuite gagné notre première médaille d'or en Grand Prix, à Angers. Gagner en France est particulièrement émouvant pour nous, Charlène étant Française. Nous avions amélioré plusieurs éléments depuis le Lombardia Trophy. Le score à Angers était cependant plus bas, nous n’avons pas su pourquoi, mais nous sommes convaincus que notre performance était meilleure. Le panel des juges n'était pas le même donc j’imagine que la notation est forcément différente. Nous avons ensuite gagné le Grand Prix de Sheffield, même si notre arrivée sur place n’a pas été des plus simples. Notre chauffeur de taxi nous a emmenés à Birmingham par erreur au lieu de Sheffield (rires) mais la compétition s’est très bien déroulée. A la finale du Grand Prix à Turin, nous avons gagné la médaille de bronze. Notre performance n’était pas parfaite et nous avons été un peu déçus de nos scores.
Solène : Vous avez ensuite gagné vos premiers championnats d’Europe !
Marco : La perspective des championnats d'Europe a pesé dans notre décision de continuer notre carrière. Nous savions que Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron prenaient au moins une année de pause et que les patineurs russes ne seraient pas présents. Soyons honnêtes, nous voulions devenir champions d'Europe. Lorsque nous avons entendu nos notes dans le Kiss&Cry, nous avons eu l’impression qu’on enlevait un poids de nos épaules. C’était un grand soulagement. Nous avons attendu longtemps ce titre. Un rêve s’est réalisé ! Nous sommes très fiers de rejoindre le panthéon des danseurs italiens champions d’Europe, dont fait notamment partie notre entraîneuse Barbara Fusar-Poli !
Solène : Lors de ces championnats d’Europe, les résultats de l’équipe d’Italie ont été excellents : quatre médailles, deux d’or et deux d’argent ! Quel regard portez-vous sur ce succès ?
Marco : L’équipe italienne a eu des performances de haut niveau et nous sommes ravis de ces résultats. Nous sommes proches de nos coéquipiers. D’ailleurs, ils étaient tous venus nous encourager ! Nous sommes une grande famille et nous avons fêté notre victoire avec eux.
Solène : Pouvez-vous nous parler de vos choix de musiques pour vos deux programmes?
Marco : Nous avions déjà patiné sur des danses latines en 2012 et 2018 donc nous avions envie de faire quelque chose de différent. Nous avons choisi des musiques de Grace Jones, que nous adorons. Ce n'est pas de la musique latine, mais il y a des rythmes de rumba et de samba. Cela nous a permis de créer une danse rythmique différente. Concernant la danse libre, nous avons pris le temps de la réflexion. Nous avions gardé la même danse libre pendant deux ans, en raison du nombre réduit de compétitions en 2020-2021 et nous avions envie de nous éloigner du thème romantique que nous avions interprété. C'était important pour nous de montrer une intention chorégraphique différente pour cette nouvelle olympiade. Nous avons choisi un thème plus sombre.
Barbara : Les musiques viennent des séries Lucifer et Welcome to Eden. Vous allez ainsi de l'enfer au paradis pendant cette danse libre.
Solène : Comment avez-vous choisi vos tenues ?
Charlène : Nous avons regardé des modèles sur Pinterest, c'est une bonne source d'inspiration ! Barbara nous a aussi proposé des idées, pour la danse rythmique notamment. Sa fille est danseuse (en danse de salon) et Barbara avait vu des robes intéressantes lors de compétitions. Cela nous a permis d'obtenir un rendu différent des robes habituelles en danses latines. Pour la danse libre, Zendaya m’a inspirée avec une robe de Roberto Cavalli qu’elle a portée.
Solène : Vous aviez évoqué une retraite possible en 2022. Finalement, vous avez continué ! Vos résultats vous donnent raison… Comment voyez-vous la suite ?
Marco : Nous ne savons pas encore si nous continuerons jusqu'aux Jeux Olympiques de Milan 2026 mais nous ne l'excluons pas. Nous arrêterons peut-être à la fin de cette saison, qui sait ! Nous n'y pensons pas pour le moment. C'est difficile mentalement de se dire qu'on va continuer quatre ans. Nous avons aussi des moments de doutes et ne sommes plus si jeunes pour des patineurs, mais nous sommes en bonne forme physique et nous avons toujours l'envie de patiner. Nous sentons que nous continuons d'améliorer nos performances et nos résultats, cela nous motive. Pour le moment, nous donnons notre maximum année après année et nous tâchons de proposer une évolution pour ne pas lasser les juges.
Par Solène MATHIEU pour Skate Info Glace