Yannick Ponsero lors de la tournée de l'équipe de France (avril 2023)

Interview Yannick Ponsero

Mars 2023


 

Si vous suiviez le patinage artistique dans les années 2000, vous connaissez Yannick Ponsero, champion de France en 2009 et quatrième aux championnats d’Europe la même année. Yannick est depuis devenu kinésithérapeute et apporte son soutien à l'équipe de France de patinage. Nous avons eu le plaisir d'échanger avec lui.

 

Solène : Quel est votre rôle au sein de l'équipe de France de patinage ?

Yannick : En tant que kiné de l'équipe de France, aux côtés d'Alex Hugonnard, notre objectif est d'assurer les meilleurs soins possibles aux patineurs français. C'est un réel plaisir de revenir dans le milieu du patinage, même si je ne l'ai jamais vraiment quitté. Je continue à entretenir ma passion en patinant et en participant à des spectacles, notamment avec Marie-Pierre Leray, avec qui je collabore depuis onze ans.

 

Solène : Comment cette opportunité s'est-elle présentée ?

Yannick : Lors d'un voyage en Suède avec ma famille, j'ai retrouvé une amie de longue date, Mélanie Joseph, qui est l'entraîneuse d'Andreas Nordeback. Elle m'a confié qu'Andreas avait rencontré des difficultés pour chausser ses patins depuis plusieurs mois. J'ai pu lui apporter mon aide et résoudre son problème. Mélanie a publié un message de remerciement sur les réseaux sociaux, et c'est à la suite de cette expérience que Fabrice Blondel m'a contacté pour rejoindre l'équipe de France en tant que kiné.

 

Solène : Quels types de soins prodiguez-vous ?

Yannick : Je m'adapte aux besoins spécifiques de chaque patineur. Nous prenons en charge aussi bien les blessures mineures que les blessures plus importantes. Avant les championnats du monde, nous avons dû faire face à quelques blessures survenues avant le départ. La saison a été longue pour les athlètes.

 

Solène : Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours ?

Yannick : Après avoir obtenu mon diplôme, j'ai ouvert mon propre cabinet. À l'époque, je travaillais principalement avec des sportifs, ce qui a été une expérience enrichissante. Cependant, en raison d'un emploi du temps extrêmement chargé, j'ai dû prendre la décision de mettre fin à mon activité en cabinet. Aujourd'hui, je me concentre principalement sur les soins à domicile, apportant mon expertise aux personnes ayant des difficultés à se déplacer, notamment celles en phase de récupération post-opératoire ou atteintes de pathologies lourdes. J'exerce principalement à Aix-les-Bains et dans les environs. Parallèlement, j'ai également la chance d'être formateur en anatomie et physiologie pour un diplôme d'État de danse au sein d'un centre de formation.

 

Solène : Avez-vous suivi vos études de kiné en parallèle de votre carrière de patineur ?

Yannick : Pendant ma carrière en compétition, j'ai suivi une formation en ostéopathie. Quant à mes études de kiné, j'avais initialement envisagé de les commencer en 2008. Cependant, jongler entre les études et le patinage de compétition s'est avéré plus complexe que prévu. C'est donc en 2010 que j'ai finalement entamé mes études de kiné.

 

Solène : Envisagiez-vous déjà à ce moment-là une carrière de kiné pour le patinage ?

Yannick : Lorsque j'ai commencé mes études, mon objectif initial était de travailler avec des patineurs ou d'autres sportifs. Cependant, au fil de ma formation, j'ai découvert d'autres aspects du métier de kiné qui ont suscité mon intérêt. Bien que j'aie continué à pratiquer le patinage, j'ai pris mes distances vis-à-vis de la compétition et je n'étais plus vraiment au fait des résultats. D'ailleurs, je dois avouer que je ne savais pas qui est le champion olympique chez les messieurs ! Mais revenir à un championnat du monde est une superbe opportunité ! Je connais encore beaucoup de monde. Les patineurs que je connaissais sont devenus entraîneurs.

 

Solène : Comment votre expérience de patineur vous aide-t-elle à mieux comprendre les problèmes que les sportifs peuvent rencontrer ?

Yannick : Mon expérience me permet d'établir des relations étroites avec les patineurs que je traite. Ils savent que j'ai vécu des situations similaires, ce qui crée une relation de confiance et de compréhension mutuelle. Cela facilite notre communication et rend notre travail plus fluide. Pour Andreas par exemple, le fait de comprendre les sensations propres au patinage m'a aidé à mieux cerner son problème. Parfois, de simples ajustements, tels que le placement d'une lame, en accord avec l'entraîneur bien sûr, peuvent avoir un impact significatif.

 

Solène : Vous me disiez que vous continuez à patiner. Quel niveau avez-vous maintenant ?

Yannick : C'est un peu plus compliqué qu’avant (rire) mais je peux réaliser un double Axel, un triple boucle piqué et un triple Salchow. Je ne m'entraîne que trois heures par semaine, donc je ne peux pas aller au-delà. Mais j’ai réussi à ajouter une corde à mon arc avec le backflip !

 

Solène : En plus de l'équipe de France, quels sont les patineurs qui vous ont marqué lors des championnats du monde ?

Yannick : J'aime beaucoup Keegan Messing, son patinage puissant me rappelle ma génération. Ilia Malinin m'impressionne par sa technique. Sans chauvinisme, sur le plan artistique, je trouve que Kévin et Adam ont une longueur d'avance. J'ai toujours été très sensible à l'aspect artistique, d'où ma collaboration aujourd'hui avec une école de danse. J'ai aussi été séduit par les performances de Shoma Uno et Junhwan Cha.

  

Solène : J’imagine que vous avez regardé avec attention le quadruple Axel d’Ilia ?

Yannick : J'attendais de le voir en vrai et j'ai trouvé cela incroyable. Sa facilité sur les autres sauts est également impressionnante. Sur le quadruple piqué, on pourrait envisager qu'il réalise un tour supplémentaire. Après, ce n'est pas celui que je préfère artistiquement, mais il est encore jeune et peut progresser sur cette dimension.

 

Solène : Pour finir, quel est le meilleur souvenir de votre carrière ?

Yannick : Cela remonte ! Mais je dirais que le moment le plus mémorable a été lorsque j'ai remporté le programme libre des championnats d'Europe en 2009.

 


Solène MATHIEU - Skate Info Glace