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Nathan Chen pour un troisième titre

Nathan Chen signe le programme de la revanche, et emporte son troisième titre de champion du monde après sa déconvenue du programme court. Il enchaîne les difficultés techniques (cinq quadruples dont trois en combinaison) sans la moindre hésitation. Les scores sont sans appel et il comptabilise presque 30 points d'avance sur les autres médaillés. En conférence de presse, il aborde ses projets à court terme (retrouver sa famille et se reposer) et annonce qu'il va prendre une année sabbatique dans ses études pour préparer la saison olympique. Il évoque le génie musical de Philip Glass (NB : compositeur de la musique de son programme long), puis celui de Yuzuru Hanyu ("skating icon and legend"). Il explique ne pas viser un nombre de quadruples plus important, se souvenant de sa déconvenue des JO de Pyeongchang, tout en ajoutant en riant qu'il va tout de même devoir y réfléchir en raison de l'objectif clairement affiché d'Hanyu de réaliser un quadruple Axel.

La suite du podium est japonaise, rien d'étonnant jusque là, sauf que c'est Yuma Kagiyama qui emporte la médaille d'argent à la surprise générale, devant Yuzuru Hanyu. Malgré la pression qu'on peut imaginer pour un premier championnat du monde, il tient bon et réalise un très bon programme. Quelques retournements ici et là, mais quelle facilité sur le quadruple boucle piqué ! On l'imagine capable d'effectuer les fameuses cinq rotations. Mention spéciale également pour sa combinaison Lutz-boucle, d'une belle qualité et glissée, malgré un retournement. Très humble en conférence de presse, Yuma explique vouloir reprendre l'entraînement très vite pour corriger toutes les erreurs faites à Stockholm (!), et peut être ajouter un ou deux quadruples tout en mettant la priorité sur la qualité de réalisation. Il mentionne viser le podium olympique, tout en expliquant qu'il ne fait pas encore partie des favoris malgré sa médaille d'argent.

Le double champion olympique Yuzuru Hanyu n'est donc que troisième. Il réalise quatre quadruples, mais les erreurs sont trop nombreuses pour prétendre aux deux premières places. La répétition du triple Axel et l'absence de troisième combinaison sont particulièrement coûteuses. Déçu, mais fairplay, il ne manque pas d'applaudir chaleureusement ses concurrents. En conférence de presse, ses premiers mots sont pour le quadruple Axel, objectif affiché pour la saison olympique. Il explique ensuite à ma co-reporter Alice Alvarez que le choix de son thème de programme long sur le Japon n'est pas lié à sa présence particulière cette année sur place (en raison du COVID19) ou aux dix ans du séisme, mais plutôt à sa volonté de réaliser le meilleur programme possible.

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Shoma Uno, souvent assez instable, propose un bon programme long sur "Dancing On My Own", ce qui lui permet de gagner deux places et de se placer au pied du podium. Nous avons donc un tir groupé de l'équipe japonaise (2ème, 3ème et 4ème place). Comme Yuzuru Hanyu, Shoma Uno réalise quatre quadruples. En fin de programme, son premier regard, touchant, est pour son entraîneur, à la recherche d'approbation et de félicitations.

Mikhail Kolyada ne réitère pas l'exploit de sa camarade d'entraînement Liza Tuktamysheva, médaillée d'argent la veille, mais obtient une satisfaisante cinquième place. Son quadruple boucle piqué d'entrée est une petite merveille à laquelle j'aurais volontiers mis +5. Les juges sont plus mesurés et se divisent entre +3 et +4. La deuxième partie du programme est plus difficile (chute sur le triple Axel) mais "Misha" tient bon.

Keegan Messing n'est certes pas très élégant avec son gros scotch aux chevilles et ses chaussettes rouges apparentes, mais on ne peut pas dire qu'il ne maîtrise pas ses quadruples boucles piqués. Les deux réalisés dans son programme sont impressionnants. Il retrouve son éternel chapeau dans le Kiss & Cry et se classe sixième.

Jason Brown, septième, peut être heureux de sa réussite sur le quadruple Salchow, saut après lequel il court depuis longtemps. Même incomplet, c'est une vraie satisfaction pour lui.

Evgeni Semenenko, invité russe surprise, à la suite de son bon résultat à la Coupe de Russie, montre qu'il mérite sa (huitième) place ici. La hauteur sur ses sauts est remarquable. La partie artistique reste cependant à développer, autrement que par un changement de costume qui n'a plus grand chose d'original.

Objectif rempli pour Kevin Aymoz avec une belle neuvième place. Ce programme, qu'il maîtrise tant, est bien exécuté, malgré deux petites erreurs. Les deux quadruples et les deux triples Axel sont présents. Devant les journalistes, Kevin confirme sa joie de pouvoir qualifier la France aux JO (avec deux places dans la catégorie masculine). Il mentionne son objectif personnel d'un Top 5, en ajoutant qu'il sait que cela sera difficile. Il ambitionne de réaliser trois quadruples dans le programme long et deux dans le programme court, probablement boucle piqué et Salchow, tout en glissant que le Lutz et le flip sont bien avancés. Il changera de programme long pour la saison olympique, et poursuit sa réflexion pour le programme court. A ma co-reporter Alice Alvarez, Kevin confie être déçu de ses problèmes sur le triple Axel à Stockholm, sans lien avec une blessure aux adducteurs dont il a bien guéri. Il évoque également sa collaboration avec Sylvia Fontana aux Etats-Unis, en visioconférence en raison du COVID19 ("mon télétravail à moi"), mais qu'il aspire à retrouver prochainement pour un travail d'équipe à 50/50 avec Françoise Bonnard en France.

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Kevin devance Junhwan Cha, qui débute de manière surprenante son programme avec un triple flip, avant de tenter le quadruple Salchow. La fatigue se fait sentir sur la fin de programme avec une chute étonnante sur un double boucle piqué.

Si le programme de Daniel Grassl est très dense techniquement, l'esthétique manque cruellement, que ce soit dans les transitions ou dans son changement de costume. Notons tout de même qu'il propose les trois quadruples considérés comme les plus difficiles (Lutz, flip, boucle). Il se classe douzième. 

Programme libre à oublier pour Deniss Vasiljevs, qui commet de nombreuses erreurs sur la quasi-totalité de ses sauts, dont le quadruple Salchow loin d'être complet. Je ne retrouve pas le charisme qui plaisait tant à ses débuts sur la scène internationale. En interview, Deniss semble prendre un certain recul sur son programme et évoque avec moi la suite du programme : aller applaudir les autres patineurs, analyser ses prestations, prendre quelques jours de vacances, revenir en Suisse, sans oublier de profiter de la cuisine suédoise au passage !

Boyang Jin, 19ème après le programme court, alors qu'il a été à deux reprises sur le podium mondial par le passé, ne parvient pas à remonter au classement et obtient une triste 22ème place finale. Après une préparation peu élégante, le quadruple Lutz est chuté au dernier moment, sous les yeux de son entraîneur qui s'était réjoui un peu trop vite. Le quadruple boucle piqué qui suit est bien réalisé. Ce sera malheureusement le seul élément réussi. La suite du programme est difficile à regarder tant Boyang est à la peine. Espérons que Brian Orser puisse le remettre sur les bons rails pour la saison olympique à venir.

© Solène Mathieu (en "ISU remote access)

Résultats programme libre

Scores détaillés

Classement final