Kevin Aymoz s'est présenté comme un guerrier sur la glace, pour ce qu'il décrira en interview comme "la compétition la plus difficile de [sa] carrière". Seulement deuxième du programme court après la performance impressionnante d'Adam Siao Him Fa, Kevin nous livre un de ses plus beaux programmes libres. Deux quadruples boucles piqués, deux triples Axel, tout y est. Le cœur, les tripes et l'envie avec. Les scores s'envolent : 191.07 sur le programme libre. Kevin qui avait plus de huit points de retard après le programme court s'impose avec vingt points d'avance. Son émotion résonne dans les couloirs de la patinoire. On devine qu'il y a derrière cela une grande victoire personnelle, qui dépasse ce cinquième titre de champion de France.
Qu'il est difficile de passer après ! Adam Siao Him Fa a forcément entendu les acclamations du public. Le début de programme est difficile : retournement sur le quadruple boucle piqué, chute sur le triple Axel, et double Salchow en lieu et place du quadruple. La deuxième partie lui réussit mieux et l'ensemble des sauts sont réussis, dont les trois précieuses combinaisons et un deuxième quadruple boucle piqué. La déception est palpable à la sortie de glace et à l'annonce des notes.
Laurent Depouilly, son entraîneur, m'en parle : "Il y a forcément une déception mais ça va. Il faut aussi voir tout le positif : le programme court et la deuxième partie du programme libre. On va regarder l'avenir. On attend les sélections pour les championnats à venir, mais on se doute bien de ce qui va être décidé. Il faut dire que Kevin a fait une prestation XXL aujourd'hui". Notons qu'à l'entraînement du vendredi, Adam a réussi les quadruples Lutz et flip, dès la première tentative.
La sélection pour les championnats d'Europe, limitée à une place chez les messieurs, sera un crève-cœur, mais quelle chance avons-nous d'avoir deux patineurs de ce niveau !
Le podium est complété par Luc Economides, qui réussit deux triples Axel. Il est plutôt en réussite sur ses sauts, même si quelques petites erreurs sont à noter. Il parvient à masquer partiellement un déséquilibre dans la séquence chorégraphique de la fin. Cela a visiblement fonctionné et les juges sont divisés : de -2 à +2 de GOE ! Luc semble ému dans le Kiss & Cry, pendant que son entraîneur Florent Amodio exulte.
Pour ses derniers championnats de France, Romain Ponsart réalise deux beaux quadruples boucles piqués. Le triple Axel est retourné et quelques rotations manquent en deuxième partie de programme. Cela ne suffit malheureusement pas pour monter sur le podium. Il termine en quatrième position.
François Pitot réalise une bonne performance. Moins flamboyant qu'aux Masters d'Epinal en septembre dernier, il réussit un triple Axel sur les deux tentés. Les autres triples sauts passent sans problème et François inclut les trois combinaisons de sauts nécessaires. Cette performance lui permet de remonter en sixième place, bon résultat pour ce patineur qui n'a que 16 ans.
Adrien Tesson se classe finalement en septième place après un programme court décevant. Sur Roxanne (Moulin Rouge), il patine son dernier tango (toute ressemblance avec d'autres patineurs est purement fortuite) et quitte la glace avec une certaine émotion.
Landry Le May propose un contenu technique ambitieux avec deux quadruples boucles piqués et un triple Axel. Quelques erreurs entachent la fin de programme, mais le score technique reste élevé (sixième meilleur score de la compétition). Les juges sont en revanche bien moins convaincus sur les composantes (douzième et dernière note de la compétition).
Tout juste déclaré vainqueur de la compétition, Kevin Aymoz nous confie ses impressions :
"Je suis fier de moi. Ce n'est que du bonheur aujourd'hui. C'était la compétition la plus difficile de ma carrière. J'avais ma propre pression sur le dos. J'ai enchaîné les blessures cette année donc je n'ai presque pas patiné pendant cinq mois. Les compétitions sont arrivées sans que j'ai un vrai temps d'entraînement, mais j'ai pu montrer que j'étais toujours là et que les blessures étaient passées. A mon âge, "petit vieux que je suis" (sourire), cela peut devenir chronique. Il reste des moments de doute, mais je suis bien suivi par des kinés en France et aux Etats Unis, et soutenu par la FFSG."