(Lire interview partie 1 - Grenoble)

 

Ils viennent de terminer seconds des championnats Elite de Cergy et partagent tranquillement une pizza en salle de presse avant de participer au gala de fin de compétition. Evgeniia, qui fut longtemps très réservée, voire timide, est maintenant aussi à l'aise avec les media que Geoffrey. Et S.I.G. les suivant depuis leurs débuts, nous commençons à bien nous connaître ! 

 

Kate : Comment jugez-vous votre performance par rapport à  celle de Grenoble ? Surtout dans la danse libre ?

 

Geoffrey Brissaud : Je pense que la danse libre d'aujourd'hui était meilleure parce qu'on s'est sentis à 100% dedans. A Grenoble, il y avait une petite part de stress, c'était un Grand Prix, à domicile en France, avec beaucoup de public. Ces championnats de France étaient stressant aussi mais pas pour la même raison : on voulait vraiment montrer le travail effectué pendant les trois semaines passées chez Alexander Zhulin, en particulier le travail de détails dans la danse libre. On voulait aussi prouver qu'on est vraiment le deuxième couple français. 

 

(J'ai posé la question en anglais par habitude parce qu'Evgeniia le comprend mieux que le français, mais Geoffrey a répondu en français).

 

Kate : Evgeniia, did you understand what your partner said ?

 

Evgeniia : Yes. Everything. But understanding and speaking French myself are two different things (rires). I understand French well but it's quicker if I don't have to struggle to find my words to answer ! (Oui. Tout. Mais comprendre et parler français sont deux choses différentes, ça va plus vite pour répondre si je n'ai pas à chercher mes mots !)

 

Kate : Cette saison, je ne vous ai pas encore demandé comment vous aviez choisi le thème de votre danse libre...

 

Evgeniia : Au départ, on voulait patiner sur "La Liste de Schindler".

 

Kate (cri du coeur) : Non ?! Mais on l'a déjà tellement entendu ce morceau !

 

(Rires) Alexander Zhulin nous a justement dit qu'il avait trop été utilisé et que c'était problématique. On a effectué des recherches et on a trouvé la première partie sur "Adagio", qui est douce et lente. Sasha nous a tout de suite dit :  "OK, c'est une bonne idée, je suis d'accord". Et c'est lui qui a choisi "Palladio" de Jenkins pour la seconde partie pour le contraste dans le rythme et la vitesse. 

 

Geoffrey : En fait on avait déjà une idée générale du thème, pour nous ce programme :  c'est l'histoire d'Adam et Eve. On l'a directement appliqué au montage musical avec Sasha [Zhulin] et Sergeï [Petukhov, chorégraphe]. 

 

Kate : Cette année, les deux thèmes abordés dans vos deux danses sont très différents, beaucoup plus contrastés que l'an dernier. Est-il difficile de s'adapter ? 

 

(Evgeniia n'a pas compris ma question en anglais et Geoffrey la lui "traduit", toujours en anglais mais avec un mélange d'accent français-russe absolument exemplaire. Et là, elle comprend tout de suite - gros éclat de rire général)

 

Evgeniia : Ce n'est pas facile, mais c'est un challenge très intéressant. Je pense que chacun de nous a un style qui correspond à sa personnalité. Pour moi, par exemple, le hip-hop est un peu plus facile que pour Geoffrey. Pour Geoffrey, c'est le contraire, il est plus à l'aise dans les mouvements classiques. Mais c'est le jeu. En danse sur glace, en patinage, tu te dois d'être "universel", de tout pouvoir interpréter avec la même conviction.

 

Geoffrey : C'est là qu'on voit toute la chance qu'on a de travailler dans deux centres de cultures différentes. Un style plus fluide et moderne avec Lyon où on a tout de suite réussi à capter ce qu'il fallait faire, un style "à la russe", plus classique et romantique à Moscou. Ca a été une aide précieuse cette année pour aborder des thèmes quasiment opposés. 

 

Kate : Niveau coaching ce n'est pas trop compliqué de travailler avec deux équipes différentes ?

 

Geoffrey : Non, Sasha et Fabian [Bourzat] se connaissent bien puisque le premier a été le coach du second et ils ont une même approche globale. Ils communiquent bien, échangent des idées et des infos. Ca se passe vraiment bien. 

 

Kate : Vos prochains objectifs ?

 

Geoffrey : Les championnats d'Europe à Tallin du 12 au 16 janvier [Voir future interview "partie 3 - Tallinn]. A priori, nous n'irons pas à Montpellier puisqu'il n'y a qu'un quota et qu'il est bien sûr occupé par Gabriella et Guillaume. A Tallinn, on veut confirmer tout le bon début de saison qu'on a réalisé. Sans être trop ambitieux non plus, mais on a à coeur de monter que nous sommes le couple français numéro 2 sur le plan international. 

 

Benjamin Noël (Passion Patinage, présent dans la salle de presse) : Vous avez un objectif en terme de place à Tallinn ?

 

Geoffrey : Personnellement, entrer dans le top 12. Mais que ce soit Fabian et Roxanne [Petetin] ou Sacha et Sergeï, ils veulent que nous accrochions le top 10. 

 

Kate : Ramener un quota supplémentaire ?

 

Geoffrey : Si Gabriella et Guillaume gagnent et qu'on est dans le top 10, on ramènera trois quotas. [NDLR : Ce ne sera pas le cas puisque les quintuples champions d'Europe ont renoncé à faire le voyage en Estonie pour raison sanitaire et se préserver d'une éventuelle contamination au Covid avant les J.O. qui approchent à grands pas]. 

 

Kate : Le top 10 est tout à fait jouable pour vous je pense.

 

Geoffrey : Oui d'autant plus que des places se sont libérées. Mais on ne veut pas non plus se mettre trop de pression. 

 

Propos recueillis par Kate Royan - S.I.G. ©