CHAMPIONNAT DU MONDE 2022

Olivia et Adrian font partie des danseurs qui remportent l'adhésion du public à chacun de leur programme. Je les retrouve à l'issue de leur danse rythmique, confortablement installés dans l'un des canapés du "Press Lounge" pour les interroger sur leur saison. 

 

Kate : Comment s'est passée cette saison dans l'ensemble ? 

 

Olivia Smart : Hmm (elle hésite) Vite ! Et, paradoxalement, c'était une saison plutôt longue. En fait, il y a eu deux parties différentes pour nous : avant et après les championnats nationaux espagnols. On a essayé d'avoir un premier pic de forme pour ces championnats car c'était, à ce moment là, la compétition la plus importante de l'année pour nous. 

 

Kate : C'est là que se jouait votre qualification olympique ? 

 

Olivia : Oui, une des trois compétitions comptant pour notre sélection et la dernière, donc la plus importante. Nous nous sommes qualifiés pour les Jeux seulement deux semaines avant les Jeux eux-mêmes. C'était long et stressant mais en en même temps terriblement excitant et motivant. J'avoue que je ne me rappelle pas tout. Par moment je me dis "ah mais oui, il s'est passé ceci ou cela", tout était tellement intense ! Mais pour moi, un rêve s'est réalisé, vraiment. Je n'en attendais pas autant, je préfère généralement de ne pas trop espérer par peur d'être déçue. La barre était très haute pour moi. 

 

Adrian Diaz : A la fin de la dernière session d'entraînement à Montréal, on a commencé à discuter, à établir une sorte de bilan, à repenser au choix de nos musiques, de nos costumes. Et ça m'est apparu si lointain ! Pourtant, nous étions encore dans la même saison. Nous n'avons retenu que le positif de ce qui s'est passé avant Montpellier et dans l'ensemble nous en sommes très heureux. 

 

Kate : Vous avez eu de très bons résultats : 8èmes des Jeux Olympiques, 4èmes des championnats d'Europe, 3èmes au Grand Prix Skate America, 4èmes du Skate Canada, respectivement, 2èmes, 3èmes et 4èmes de trois Challenger Series, vainqueurs de votre championnat national...

 

Olivia : Oui, nous n'avons vraiment pas à nous plaindre ! Nous aurions peut-être aimé obtenir un niveau de plus ça et là, mais on ne va pas faire les difficiles ! 

 

Kate : Vos plans pour après ces championnats ? 

 

Adrian : Déjà, nous allons les finir avec la danse libre demain (rires). Ensuite on va prendre des vacances ! On en a vraiment besoin. [Olivia acquiesce d'un mouvement de la tête] Puis nous allons repartir à Montréal. Nous allons nous réunir avec nos coaches, voir comment nous nous sentons et voir si nous sommes prêts pour un nouveau cycle de quatre ans. Nous avons d'autres choses dans nos vies aussi...

 

Kate : Par exemple, tu vas te marier... [avec l'Américaine Madison Hubbell dont il partage la vie depuis plusieurs années].

 

Adrian : Oui, pendant l'été 2023. 

 

Kate : Madison prend sa retraite, tu peux continuer à patiner sans mettre ta vie privée en danger ? (Rires)

 

Adrian : Oui, pas de problème. Nous avons l'habitude de ne pas toujours participer aux mêmes compétitions, l'un de nous est souvent absent, ça ne sera pas très différent.

 

Kate : Olivia et toi êtes sur une trajectoire ascendante...

 

Olivia : Nous avons réellement percé cette année, on ne s'en est rendus compte qu'après les Jeux Olympiques. 

 

Adrian : Quand nous avons commencé à patiner ensemble [en 2017, Adrian était auparavant associé à Sara Hurtado et Olivia à Joseph Buckland pour la Grande Bretagne], nous n'avons jamais fixé de durée à notre carrière ni d'échéance. 

 

Olivia : Nous nous sommes concentrés sur une saison à la fois. Et cette année, nous nous sommes dit que nous allions nous concentrer sur chaque jour qui passe. Essentiellement à cause de la pandémie. Après nous être entraînés comme des fous et avoir vu les compétitions s'annuler les unes après les autres, nous avons préféré être prudents. Forts de cette expérience, nous avons vraiment fonctionné au jour le jour. On va continuer de procéder de cette façon. Suivant comment les choses se passent, on avisera après l'été. (Elle regarde Adrian) Tout s'est bien passé jusque là donc... (Il hoche la tête en assentiment). Quand nous serons rentrés de vacances, après une vraie coupure, nous pourrons faire le point et décider de ce que l'on a envie de faire. Nous sommes tous les deux très engagés dans ce que nous faisons, nous nous y consacrons totalement. Mais ce qui nous aide à tenir et progresser, c'est de savoir qu'il y a d'autres choses dans la vie que notre sport et les compétitions. Alors d'un côté, nous savons qu'il n'y a pas que la danse sur glace, mais nous savons aussi que nous nous sommes à présent faits vraiment connaître. 

 

Adrian : Il y a quatre ans, nous n'avons eu aucun doute. Nous voulions continuer. Nous en avons parlé ensemble et nous étions tous les deux 100% sûrs de nous. Parce que nous voulions aller aux Jeux Olympiques. Maintenant, si la réponse ne vient pas d'elle-même, si nous avons des hésitations, nous allons devoir prendre du temps pour réfléchir au pourquoi, au comment, si ça vaut la peine ou non. Nous ne voulons pas prendre de décision précipitée et le regretter dans trois mois. 

 

Kate : Vous avez un objectif précis pour ces championnats du Monde ?

 

Olivia : Notre but cette année était de participer aux Jeux Olympiques. Nous ne pensions pas aussi loin que ces championnats. Mais nous voulions finir dans le top 10 mondial afin de décrocher deux spots pour l'Espagne. C'était notre objectif depuis cinq ans. Donc on espère y arriver (rires) [ils sont à ce moment là 6èmes après la danse rythmique). Oui, allez, c'est bien parti, on va y arriver ! [Le lendemain, ils termineront 7èmes du classement, doublés de quelques points par les Britanniques Lilah Fear et Lewis Gibson]. Et si l'on ramène deux places à l'Espagne, autant qu'on en profite un peu nous-mêmes. On verra...

 

Adrian : Nous aimerions aussi atteindre les 200 points [il leur en manquera un peu plus de 5]. Nous n'en étions pas loin aux Jeux Olympiques. Nous voulons avant tout faire un bon programme. 

 

Olivia : Apparemment tout le monde aime notre thème du "Masque de Zorro".

 

Adrian : Je ne sais pas si tu as vu, mais il y a beaucoup de supporters espagnols dans la patinoire...

 

Kate : Oui, j'ai vu tous les drapeaux. C'est vrai que nous ne sommes pas loin de la frontière.

 

Adrian : Ca nous touche beaucoup que les gens aient fait le déplacement. Nous voulons vraiment leur faire plaisir, qu'ils soient fiers de nous. 

 

Olivia : Ca nous motive dix fois plus quand nous nous sentons aussi soutenus ! 

 

Propos recueillis et traduits de l'anglais par Kate Royan - © S.I.G.