Championnats du Monde 2021

 

 

Le programme court des championnats du Monde de Stockholm marque le retour de nombre de patineuses après une saison amputée de bien de compétitions. Ce manque de compétition se ressent d’ailleurs pour de nombreuses concurrentes.

 

La compétition a mal commencé pour le clan français avec la lourde chute de Maé-Bérénice Meité sur triple boucle piqué, l’obligeant à déclarer forfait et à sortir de piste le visage tordu de douleur. Rupture du tendon d’Achille. Les Françaises devront donc aller se battre au Trophée Nebelhorn d’Oberstdorf cet automne, pour espérer récupérer un quota olympique.

 

Loena Hendrickx fait également un retour attendu après une série de blessures l’ayant éloignée des compétitions. Elle délivre une performance avec une solide combinaison triple lutz-triple boucle piqué, mais entachée d’une chute sur triple flip, s’adjugeant une jolie 10^ème place au final.

 

Elizaveta Tuktamysheva marque un retour impérial aux Mondiaux, six ans après son titre à Shanghai. Triple Axel sans problème, la combinaison triple Lutz-triple piqué et le triple flip passent également, et les pirouettes sont toutes de niveau 4. En pleine confiance, « Liza » abat le contenu technique le plus difficile de la compétition, le tout sur fond de Billie Eilish, qui va très bien à son charme et à son « chien ».

 

Yelim Kim, récente championne de Corée, se place très bien pour ses débuts en Championnats du Monde. Un programme impeccable, une combinaison Lutz-piqué très ample, un patinage élégant, posé et en musique. Très complète, elle se place 5^ème derrière Karen Chen qui avait patiné un peu plus tôt. L’Américaine qui faisait également son retour sur la scène mondiale, bénéficie de larges bonifications sur sa combinaison triple Lutz-triple piqué qui semblait pourtant incomplète.

 

Au rayon des déceptions : Alexia Paganini ne passera pas le « cut » pour une place, la faute à un triple boucle passé en double, et à une combinaison un peu raide. L’Estonienne Eva-Lotta Kiibus retourne sa combinaison triple boucle piqué-triple boucle piqué et son double Axel, en sur-rotation. Elle accroche de justesse le top 20 (19^ème), mais elle espérait mieux après de belles réussites en compétition cette saison.

 

Le dernier groupe annonce un très gros niveau, et sera finalement en demi-teinte.

Alexandra Trusova, qu’on attendait avec triple Axel choisira finalement la sécurité avec un double. C’est malheureusement un Lutz retourné, et donc pas de combinaison, qui lui coûteront le plus cher. 12^ème avec 64.82, les espoirs de médaille s’envolent pour une des favorites du podium. Elle parvient malgré tout à garder contenance dans le Kiss and Cry, et la guerrière qu’elle est aura à cœur de remonter au classement grâce à son libre dans lequel sont annoncés cinq quadruples sauts (flip, Salchow, Lutz et boucle piqué).

 

Anna Shcherbakova qui monte sur glace juste après sa compatriote, a dès lors un boulevard. Elle place facilement double Axel et triple flip. Sa combinaison triple Lutz-triple boucle, qu’elle est la seule à proposer, passe bien, et sera très bien notée alors que la carre du Lutz paraît largement suspecte. Un léger déséquilibre au début de la suite de pas n’entachera pas sa feuille de notes et des composantes toutes au-dessus de 9 confirment son gain en maturité, dans un programme émouvant, bien plus convaincant qu’en début de saison.

 

La première Japonaise du groupe, Kaori Sakamoto, entame son programme avec un énorme double Axel, mais la carre du Lutz sera sanctionnée, et la combinaison triple flip-triple boucle piqué, brillamment sauvée par les genoux puissants et souples de Kaori, n’aura que peu de GOE positifs. Sa vitesse, la qualité de ses appuis et de ses « skating skills » restent impressionnants, et le score de 70 semble sévère, à 4 pts derrière Karen Chen.

 

Satoko Miyahara, déjà médaillée en Championnats du Monde connaît elle aussi une sévère contre-performance. Triple Lutz incomplet chuté, triple boucle trop juste pour placer une combinaison avec plus d’un simple piqué, restent l’éternelle élégance et qualité de glisse de Satoko qui la sauvent d’une élimination directe. 16^ème avec 59.99pts, Sakamoto et Kihira n’auront plus droit à l’erreur pour sauver les trois quotas japonais.

 

Bradie Tennell, l’Américaine d’habitude si solide, commet une erreur inhabituelle sur sa combinaison, ne plaçant qu’un double boucle piqué après son Lutz. Plus raide que d’habitude, elle patine un programme contemporain, mais qui manque de feu.

 

 

Rika Kihira, elle l’avait, le « Fire Within » du nom de sa musique. Après des entraînements et un échauffement chahutés, elle montre sa force mentale en plaçant triple Axel, triple flip-triple boucle piqué et triple Lutz. Une séquence finale enflammée nous rappelle qu’elle est là pour le titre. Alors que la tête du classement lui semble promise de façon évidente, elle termine finalement derrière Anna Shcherbakova pour deux points. Un classement qui semble injuste au vu du contenu technique proposé par la Japonaise, et la qualité d’exécution d’un programme qui semble plus complexe. Ce n’est pas l’avis des juges qui mettent un « q » à ses deux premières passes de sauts, et des GOE sévères, alors que la notation semblait plutôt généreuse pour le reste des concurrentes. Des composantes à peine au-dessus de Liza Tuktamysheva, relèguent Kihira à la seconde place. La suite se jouera à coups de quadruples sauts et de triples Axels. 

 

© Alice Alvarez (en "I.S.U. remote access")

 

 

Résultats et scores détaillés