Ekaterina, dite Katia, Kurakova nous a accordé un peu de temps après le programme libre du Skate America. En costume de pirate pour l'occasion, prête à patiner son gala sur "Pirates des Caraïbes".
Solène : Comment s'est passé le Skate America ?
Katia : C'était incroyable ! Je continue à penser, peut-être à tort, que le public ne me connaît pas. Mes concurrentes sont très fortes et je dois encore beaucoup travailler pour être à leur niveau. Pendant les entraînements, j'étais surprise d'être aussi applaudie. Avant le programme court j'ai vu beaucoup de drapeaux polonais dans le public et j'ai failli pleurer. J'étais si reconnaissante ! Pendant le programme, je me suis beaucoup amusée et je suis passée au-delà de la fatigue et des douleurs. Je suis blessée et c'est un peu difficile en ce moment de sauter avec ma jambe droite. Cela a provoqué une erreur d'ailleurs sur mon premier saut. Et pour finir mon séjour à Boston, je suis ravie de participer au gala, ce qui n'était pas le cas l'année dernière. J'ai explosé de joie en apprenant cette nouvelle.
Solène : Il s'agit de ton deuxième Skate America. Est-ce que l'expérience t'a aidée dans la manière de gérer la compétition ?
Katia : C'est difficile à dire. L'année dernière j'étais très stressée pour le programme court puis plus détendue pour le programme long car j'étais classée onzième donc je n'avais plus rien à perdre. Cette année j'étais dans le dernier groupe avec des patineuses d'un très haut niveau comme Kaori Sakamoto ou Gracie Gold. J'avais peur de perdre ma sixième place du programme court, je voulais vraiment rester dans le top 6 donc je me suis mise un peu de pression. Ma famille me soutient beaucoup et est très investie émotionnellement dans mes performances, surtout ma mère. Je pense beaucoup à ceux que j'aime avant de patiner, ainsi qu'à ma fédération et à toutes les personnes qui me soutiennent. Je veux les rendre heureux.
Solène : Tu es cinquième, félicitations d'avoir rempli ton objectif !
Katia : Je suis fière de moi ! Quand j'ai chuté sur la première combinaison, je me suis dit "Mon dieu, il me reste 6 sauts !". J'étais perdue, je ne voulais pas continuer. Avant le deuxième saut, j'ai senti ma jambe partir et j'ai eu peur mais finalement tout s'est bien passé. Peut être que je suis forte mentalement finalement ! C'est une expérience importante pour mes futures compétitions.
Solène : Cette première combinaison était le triple Lutz Euler triple flip, c'est ta marque de fabrique !
Katia : Beaucoup de monde m'en parle et cela me fait plaisir de me sentir unique avec cette combinaison. Aux prochaines compétitions, je veux montrer que je sais bien la faire !
Solène : Nous nous étions vues peu de temps avant le Japan Open. Tu étais très enthousiaste à l'idée d'y participer. Comment cela s'est-il passé ?
Katia: C'était incroyable ! Je sais que j'utilise beaucoup ce mot "incroyable" mais c'est vraiment ce que je pense ! C'était une ambiance différente d'une compétition normale et c'était très amusant de patiner en équipe avec des patineurs si talentueux. C'est super de pouvoir se soutenir et de ne pas patiner que pour soi.
Solène : C'était ta première visite au Japon ?
Katia : Oui ! J'ai pu visiter Tokyo quelques heures le dernier jour. C'était magnifique ! Je voudrais y retourner et prendre plus de temps pour découvrir ce pays. J'ai aussi participé à des spectacles. Le stress et l'adrénaline étaient toujours présents car je voulais montrer le meilleur de moi-même au public.
Solène : Quels sont tes objectifs cette saison ?
Katia : Je voudrais moins stresser et plus profiter. Chaque compétition passe si vite !
Solène : As-tu en tête d'aller chercher une médaille aux championnats d'Europe ?
Katia : Je veux pas me mettre de pression, je vais faire de mon mieux et faire attention à ma santé. Je n'y fais pas toujours assez attention ! Parfois ma jambe me fait mal et je dois éviter de faire des centaines de sauts. Mais je vais donner mon maximum à chaque entraînement pour ne pas avoir de regrets.
Solène : J'ai vu sur Instagram que tu avais essayé le roller en ligne. Comment cela s'est-il passé ?
Katia : Oui, j'en ai fait deux fois, mais je crois que je suis un peu folle ! J'ai improvisé en me disant que cela allait être pareil que sur glace, ce qui n'est en fait pas le cas. Finalement j'ai tout de même fait un double Axel et un triple boucle. C'était pendant les vacances d'été et quand je suis revenue sur glace cela m'a fait bizarre, donc je ne touche plus au roller pendant la saison !
Solène : Est-ce que la vie en Italie te plaît ?
Katia : J'aime l'atmosphère, la nature et surtout j'adore mon équipe. Ils font attention à moi, plus que moi même (rires). Ils m'aiment en tant que personne et pas uniquement en tant qu'athlète. Ils s'intéressent à mon équilibre en dehors de la glace et je peux me confier à eux. Les Italiens prennent le temps de vivre et ils ont raison ! En Russie tu n'as le temps de rien, tout le monde est pressé et tu ne peux pas profiter complètement de la vie. Les Italiens savent profiter de la vie.
Solène MATHIEU pour Skate Info Glace